Un nombre croissant de travailleurs, qui ne se sentent plus heureux dans leur travail, pensent à changer de voie professionnelle. Quête de sens ou de stabilité, envie de relever de nouveaux défis, besoin de s’éloigner d’un environnement toxique, aspiration à vivre d’une passion, etc., les motivations sont diverses.
Néanmoins, seule une faible proportion va au bout de la démarche, principalement par crainte de la baisse de revenus. En effet, le parcours vers un métier plus épanouissant peut être plus ou moins long, or il faut continuer à couvrir ses charges fixes. Pourtant, il existe des solutions pour réaliser son projet de reconversion professionnelle sans perte de salaire.
Anticiper le budget d’une reconversion professionnelle
Une transition professionnelle implique souvent des coûts, pour la formation, la création d’une entreprise… Aussi, il est primordial d’anticiper votre budget.
Préparer sa reconversion professionnelle
Avant de vous lancer dans une reconversion professionnelle sans perte de salaire, demandez-vous si vous avez réellement envie de changer de métier, pour quelles raisons, et si vous être prêt(e) à affronter toutes les difficultés qui pourraient survenir, sans compter les éventuelles dépenses. Si vous êtes décidé(e), établissez votre plan d’action. Une bonne préparation est la première clé du succès de votre changement de voie professionnelle.
Identifier les besoins financiers
Définir clairement vos besoins financiers répond à deux impératifs :
- Trouver des moyens de couvrir vos charges incompressibles pendant la phase de reconversion.
- Vous assurer que le métier ciblé permette de percevoir des revenus suffisants pour vivre selon vos aspirations par la suite.
Votre priorité consiste à lister et quantifier vos dépenses mensuelles, en incluant les éventuelles mensualités de remboursement d’un crédit (immobilier, à la consommation, etc.). Opérez ensuite un « tri », entre celles qui ne peuvent être évitées (loyer, électricité, alimentation…) et celles auxquelles vous pouvez renoncer, ou que vous pouvez réduire.
Vérifiez également le montant des économies dont vous disposez, pour savoir si vous pouvez tenir pendant quelques mois sans travailler afin de vous consacrer par exemple à une formation à temps plein, ou le temps de trouver un nouvel emploi, de monter votre entreprise, etc.
Mettre de l’argent de côté
Changer de carrière requiert souvent une formation, pour renforcer vos compétences ou en acquérir de nouvelles. Selon les types de programmes et l’organisme choisi, vous pourrez mobiliser votre CPF (compte personnel de formation). Mais dans certains cas, vous devez peut-être en supporter intégralement ou partiellement le coût.
Anticipez votre reconversion professionnelle en vous constituant une réserve d’argent, pour vous former, ou couvrir vos charges mensuelles durant la transition, en plus des éventuelles aides financières publiques.
S’orienter vers des métiers qui recrutent
Si vous n’avez pas encore une idée précise de votre métier idéal, privilégiez un secteur porteur. La digitalisation de l’économie, la nécessité d’accélérer la transition écologique, la pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs de la santé, du BTP, de la restauration, de l’aide à la personne, la sécurité, la logistique et le transport, etc., expliquent la forte demande pour certains métiers.
En voici quelques-uns, qui correspondent peut-être à vos aspirations et votre profil :
- Enseignant…
- Informatique et numérique : développeur full-stack, data scientist, infographiste, spécialiste en intelligence artificielle, rédacteur SEO, ingénieur systèmes et réseaux…
- Santé : Aide-soignant, infirmier, ambulancier, préparateur en pharmacie…
- Bâtiment : ouvrier, plombier-chauffagiste…
- Commerce : vendeur en magasin, assistant commercial, expert en e-commerce…
- Hôtellerie et restaurant : cuisinier, serveur en salle, réceptionniste d’hôtel…
- Social : assistant de vie aux familles, animateur socioculturel…
- Secrétaire comptable, gestionnaire de paie…
- Transport et logistique : chauffeur-routier, préparateur de commandes…
- Agent de sécurité…
Les stratégies pour une reconversion professionnelle sans perte de salaire
Différentes solutions existent pour opérer votre reconversion personnelle tout en étant rémunéré(e) ou en touchant des subventions.
Les aides et financements existants
Avec le Compte Personnel de Formation (CPF), vous accumulez entre 500 € et 800 € par an pour un emploi à temps plein. Cette somme vous permet de financer certaines formations, notamment en vue d’une reconversion professionnelle. En suivant une formation CPF sur votre temps de travail en qualité de salarié, vous continuez à percevoir l’intégralité de votre rémunération, qui est prise en charge par votre employeur ou l’OPCA au titre du Projet de Transition Professionnelle (PTP).
Concrètement, avec le PTP ou CPF de transition, le temps consacré à votre formation, est considéré comme du temps de travail. Vous touchez ainsi un salaire et conservez vos primes, et droits sociaux : congés payés, assurance maladie, mutuelle employeur, indemnités journalières, cotisation retraite, etc.
Si vous choisissez de suivre votre formation CPF en dehors de vos heures de travail, vous conservez de fait 100 % de votre salaire pendant la transition. En revanche, une formation non éligible au financement CPF peut vous priver de rémunération. Vous devrez alors vous tourner vers une formation rémunérée.
Suivre une formation rémunérée
Une formation rémunérée vous permet de développer les savoirs et savoir-faire nécessaires à l’exercice de votre futur métier tout en étant rétribué(e) pendant votre réorientation. Ce système est proposé par plusieurs organismes :
- Pôle Emploi pour les domaines souffrant d’un manque de personnel.
- Greta : groupement d’établissements publics spécialisés dans la formation continue pour adultes en insertion professionnelle.
- AFPA (Agence nationale pour la formation des adultes) pour les validations des acquis de l’expérience (VAE) et autres parcours.
Alternativement, les demandeurs d’emploi peuvent signer un contrat de professionnalisation avec une entreprise, pour se former en étant directement en immersion dans le métier envisagé. C’est une excellente option pour se réorienter professionnellement tout en percevant des revenus.
Le dispositif démissionnaire
Si vous envisagez de démissionner en vue de créer ou reprendre une entreprise, et que votre projet requiert une formation, Pôle Emploi vous apporte son soutien financier, en vous versant l’ARE (Allocation d’Aide au Retour à l’Emploi). Quatre conditions sont imposées pour l’éligibilité au dispositif démissionnaire :
- être salarié en CDI ;
- justifier de cinq années d’activité ininterrompue au sein d’une ou de plusieurs entreprises ;
- porter un projet de reconversion réel et sérieux ;
- rester en poste en attendant la validation de votre dossier par Pôle Emploi.
Par ailleurs, vous devez accomplir plusieurs démarches :
- Demander un Conseil en Évolution Professionnelle (CEP).
- Télécharger un dossier Transition Pro sur le site internet de votre région ou le réclamer auprès de son antenne.
- Transmettre le dossier dûment rempli à la Commission Paritaire Interrégionale de Reconnaissance des CEP (CPIR), qui analyse la viabilité et le sérieux de votre projet.
Lorsque la CPIR vous communique sa décision positive, celle-ci est accompagnée d’une attestation. Vous avez alors six mois pour déposer votre démission et vous inscrire à Pôle Emploi. Il ne vous reste plus qu’à finaliser les formalités de création ou de reprise de votre entreprise.
Changer de métier au sein de son entreprise : dispositif Pro A
Reconversion n’implique pas nécessairement changement d’employeur ou de statut. Vous pouvez rester dans la même entreprise, mais monter en grade ou basculer vers une autre fonction. Le dispositif Pro-A finance votre formation en alternance, majoritairement sur votre temps de travail, et en conservant 100 % de votre salaire et votre couverture sociale.
Bien préparer sa reconversion en mettant en place un plan d’action et optimiser ses chances de réussir sa reconversion
Voici les quatre étapes à suivre pour maximiser vos chances de mener à bien votre transition professionnelle.
Étape 1 : Faire un bilan de compétence
Deux options sont possibles pour faire un bilan de compétences à votre initiative en étant salarié :
- Utiliser votre droit à la formation continue, sans en parler à votre employeur. L’exercice doit se dérouler en dehors de vos heures de travail.
- Demander l’accord de votre employeur, sous réserve de satisfaire aux conditions d’ancienneté et de type de contrat de travail (CDD ou CDI).
Le coût du bilan n’est supporté par votre entreprise que si votre bilan de compétences a été réclamé par votre employeur, et que vous avez donné votre consentement.
Si vous exercez en tant qu’indépendant, réaliser un bilan de compétences est également possible, avec un financement total ou partiel qui dépend de la nature de votre activité : commerce, industrie, services, profession libérale médicale. Alternativement, vous pouvez recourir à votre CPF.
Dernière possibilité, dans le cadre d’un conseil en évolution professionnelle (CEP), un bilan de compétences est souvent conseillé, des services gratuits, dont un accompagnement personnalisé.
Étape 2 : Faire une demande auprès de son employeur
Étant salarié, l’accord de votre employeur est nécessaire, sous la forme d’une autorisation d’absence écrite et idéalement envoyée de préférence par lettre recommandée et suivie par le remplissage d’un formulaire de demande de financement. Dès lors que les critères d’ancienneté et la procédure sont remplis, l’employeur ne peut s’opposer à votre projet. Toutefois, il a la possibilité de solliciter un report de 9 mois au maximum. Votre requête doit se faire 60 jours ou 120 jours avant le début de la formation selon que celle-ci dure moins ou plus de 6 mois.
Étape 3 : Valider son projet de formation
Si vous mobilisez votre CPF pour votre reconversion professionnelle sans perte de salaire, vous devez passer par le site officiel moncompteformation.gouv.fr pour vous créer un dossier de formation. Si le programme ou l’organisme que vous avez sélectionné n’est pas éligible au CPF, suivez les procédures d’admission et de financement de l’établissement retenu. Si vous optez pour l’alternance, il est temps de trouver une entreprise d’accueil.
Étape 4 : Monter un dossier de reconversion
La mise en œuvre de l’action de formation nécessite la présentation des documents justificatifs suivants :
- La photocopie de vos diplômes et certificats.
- L’autorisation d’absence délivrée par votre employeur.
- Votre CV ou relevé de carrière à télécharger sur le site de la caisse des retraites.
Les pièces justificatives nécessaires pour la mise en œuvre de l’action de formation comprennent :
- Le rapport d’évaluation fourni par l’organisme de formation ;
- Le résumé de l’entretien avec votre conseiller CEP (si applicable) ;
- Le courrier d’acceptation à la formation ;
- La copie de l’attestation des heures de formation acquises de droit et la copie de l’attestation du crédit disponible sur votre CPF, remises par votre employeur;
- L’attestation de cofinancement si vous mobilisez des dispositifs additionnels ;
- Une déclaration sur l’honneur certifiant que vous n’avez déposé aucune demande de prise en charge en parallèle pour ce projet auprès d’une autre commission paritaire interprofessionnelle régionale (CPIR) ;
- Votre relevé d’identité bancaire, ainsi que celui de votre employeur et celui de l’organisme de formation.
Dans le cas d’une formation non financée par l’employeur, le contenu du dossier à envoyer à l’organisme financeur peut varier. Si vous prévoyez de suivre une formation en alternance ou professionnalisante, l’institut ou l’école fixe ses exigences. Souvent, des conseillers vous accompagnent dans la mise en place de votre projet et du financement adapté à votre situation.
Opter pour le portage salarial pour se lancer à son compte après une reconversion professionnelle
La reconversion professionnelle est souvent une démarche courageuse, une quête de sens et de renouveau dans un parcours professionnel. Pourtant, la perspective de se lancer seul peut freiner nombre d’entre nous, face aux incertitudes administratives, financières et juridiques que cela implique.
Le portage salarial se présente alors comme une solution judicieuse, offrant la flexibilité de l’indépendance tout en conservant la sécurité du statut de salarié. Il permet une transition en douceur, tout en testant et renforçant son projet professionnel. En somme, pour tous ceux qui envisagent une reconversion et souhaitent embrasser la liberté du travail indépendant, le portage salarial peut être le tremplin idéal pour réaliser leurs ambitions avec sérénité.
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