Comment faire une reconversion professionnelle ?

La crise sanitaire et l’évolution du monde du travail poussent de plus en plus de salariés à s’orienter vers une reconversion professionnelle. Selo l’observatoire des trajectoires professionnelles, près de 35,8 % des actifs occupés ont été concernés pas ce sujet en 2022 alors qu’ils n’étaient que 26,2% en 2016.

Aujourd’hui, la quête de bien-être au travail est devenue une priorité pour de nombreux actifs. En conséquence, faire une reconversion professionnelle est une démarche de plus en plus courante, puisqu’en moyenne, au cours de sa carrière, un salarié passe par deux changements de métier au minimum. Ce guide aborde les questions essentielles que se posent les travailleurs qui cherchent une nouvelle voie professionnelle : les raisons de se lancer, son déroulement, les risques à éviter, et surtout, les solutions pour la financer.

Qu’est-ce qu’une reconversion professionnelle ?

Une reconversion professionnelle consiste pour un actif en poste ou un demandeur d’emploi à changer de métier ou de statut (passer du statut de salarié au statut de freelance/entrepreneur ou inversement).

Souvent, ce nouveau tournant donné à la carrière résulte d’un licenciement ou d’une insatisfaction à son poste actuel dans le même domaine ou deux domaines totalement différents. La reconversion professionnelle vise à initier une toute nouvelle vie plus épanouissante, plus en accord avec ses aspirations et ses valeurs.

Au fil des années, les recruteurs ont compris les bénéfices de la pratique et l’encouragent. En effet, si les travailleurs y voient un moyen d’améliorer leur vie, pour les employeurs, cette démarche est synonyme de courage, de capacité de remise en question et d’adaptabilité, qui sont autant de qualités essentielles dans un monde du travail très fluctuant.

Pourquoi faire une reconversion professionnelle ?

Chaque travailleur a ses raisons de se lancer dans une reconversion professionnelle. Connaitre les siennes est la base pour préparer son passage à l’action.

10 raisons de sa lancer dans une reconversion professionnelle

  • Une insatisfaction qui pousse à chercher une activité en phase avec ses valeurs, porteuse de sens, qui procure du plaisir et la satisfaction d’être utile.
  • L’envie de poursuivre une passion plutôt qu’un emploi alimentaire pris sans conviction.
  • Le souhait d’échapper à des conditions de travail difficiles : pression constante, horaires à rallonge qui empêchent toute vie privée, surcharge de travail, conflits récurrents avec les collègues ou les supérieurs, manque de soutien du management, désaccord avec les méthodes managériales.
  • Bore-out : ennui profond à un poste qui n’est pas ou plus en adéquation avec ses compétences ou ses aspirations, ce qui entraîne une démotivation, une perte d’estime de soi, voire une dépression. La reconversion offre une opportunité d’échapper à cette monotonie, de relever de nouveaux défis et découvrir des activités stimulantes qui incitent à se dépasser.
  • La recherche d’un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée et familiale.
  • L’envie de se libérer d’un emploi ayant des effets négatifs sur sa santé physique et mentale (troubles musculo-squelettiques, dépression, voire burn-out…).
  • La nécessité de revenir sur le marché du travail à la suite d’un plan social, d’une restructuration, d’un licenciement ou d’un changement de situation personnelle (mariage, divorce, arrivée d’un enfant, déménagement imposé par la mutation professionnelle du conjoint).
  • La recherche de conditions financières plus attractives ou de s’ouvrir à un secteur moins saturé ou dans lequel de nouveaux métiers se créent, notamment du fait de la digitalisation. Les entreprises s’intéressent alors aux candidats au profil « atypique », mais qui possèdent des compétences et des qualités personnelles, très motivés, ayant un bon potentiel pour le poste à pourvoir.
  • L’envie d’autonomie, sans patron, sans horaires fixes, la liberté de choisir ses clients et ses missions, s’accorder du temps pour ses proches et ses activités extraprofessionnelles, ou de diriger sa propre entreprise.
  • La recherche d’un nouveau cadre de vie.

Les étapes pour faire une reconversion professionnelle

1- Pourquoi se reconvertir et changer de métier ? Quels sont les motivations ?

Identifier ses motivations est la clé pour poser les bases solides d’un projet de reconversion professionnelle. Sans cette étape préalable d’introspection, il est impossible de définir la bonne direction à prendre, d’identifier le métier idéal… Dans certains cas, changer d’employeur ou évoluer en interne est une réponse plus appropriée qu’un véritable changement de profession, qui est une démarche de longue haleine et complexe.

2 – Quelle reconversion professionnelle choisir ? Déterminer son projet

Il est indispensable de recueillir des informations sur l’environnement socio-économique de la profession envisagée. Il existe différents moyens d’obtenir les renseignements nécessaires concernant le secteur, les métiers, les entreprises qui recrutent dans les villes ou les régions ciblées :

  • Solliciter les retours d’expérience des professionnels du secteur pour connaitre les critères et méthodes de recrutement, les compétences et qualités les plus utiles pour le métier, ses avantages et inconvénients.
  • Établir des contacts dans le milieu afin d’augmenter ses chances d’être embauché.
  • Visiter les sites internet de la Chambre de commerce et d’industrie ou du Conseil régional de la région pour en apprendre davantage sur le métier : les tendances actuelles et les perspectives d’avenir, les formations, les certifications et les subventions disponibles, les opportunités d’emploi dans la région.
  • Demander un stage d’immersion non rémunéré au sein d’une entreprise via Pôle Emploi afin de découvrir les réalités du métier.

3 – Faire un bilan de compétences

Le bilan de compétences est une étape primordiale de tout projet de reconversion professionnelle. Cet outil permet de faire un point sur son parcours, ses compétences, ses motivations, ses centres d’intérêt et ses aspirations professionnelles.

Il permet de mieux comprendre ses atouts, ses points faibles, ses besoins en formations afin de réfléchir à une évolution professionnelle cohérente et réaliste et construire un plan d’action précis. Le bilan de compétences peut ainsi aider à confirmer ses choix ou à en découvrir de nouveaux. C’est donc un outil précieux pour avancer de manière sereine et réfléchie dans son projet de reconversion.

4 – Suivre une formation

Après avoir déterminé le métier idéal, le candidat à la reconversion professionnelle doit évaluer ses compétences afin de vérifier qu’il possède toutes les connaissances et aptitudes requises pour l’exercer. Si ce n’est pas le cas, une ou plusieurs formations peuvent alors s’avérer nécessaires. Le bilan de compétences permet de déterminer les caractéristiques de la (des) formation(s) envisagée(s) : courte ou longue, certifiante ou diplômante, à distance ou en présentiel. Le Conseil en évolution professionnelle (CEP) est le service idéal pour préparer efficacement son projet de formation grâce à un accompagnement personnalisé. Des dispositifs de financement existent pour couvrir tout ou partie des frais de formation professionnelle auprès des organismes agréés proposant les parcours envisagés.

5 – Les pièges à éviter

Lors de la phase de réflexion concernant un projet de reconversion professionnelle et tout au long de la démarche, il est important de garder à l’esprit les points suivants :

  • Il n’existe pas de métier parfait. Certains aspects peuvent être moins agréables, ou ne pas correspondre aux attentes du travailleur. Il faut donc éviter d’idéaliser un emploi, mais rester réaliste.
  • Il faut rester ouvert à plusieurs choix afin de trouver le métier qui pourra donner satisfaction sur le long terme.
  • La reconversion ne doit pas être vue comme une solution de dernier recours. Il est tout à fait possible d’avoir une carrière gratifiante en vivant de sa passion ou de son loisir.

En résumé, la reconversion représente une opportunité d’exercer une activité professionnelle apportant un épanouissement jusque sur le plan personnel.

Les aides et dispositifs d’accompagnement possibles lors d’une reconversion professionnelle

Le financement représente un obstacle majeur pour de nombreux candidats à la reconversion professionnelle. En effet, il faut à la fois couvrir à ses charges courantes, mais également penser au coût d’un éventuel bilan de compétences et de formation. Or, peu de personnes ont les moyens de s’autofinancer. Il existe heureusement différents dispositifs adaptés au profil de chacun.

Obtenir des aides, un accompagnement ou un financement

Plusieurs dispositifs existent pour favoriser les reconversions professionnelles, pour les salariés, les non-salariés ou les agents de la fonction publique. L’État, certaines collectivités territoires et organismes privés ou publics apportent leur soutien sous différentes formes : accompagnement personnalisé via les CCI et les pépinières d’entreprises, aides financières pour l’achat d’équipement, l’installation et le recrutement, mise à disposition de locaux, etc.

Les conseillers Pôle Emploi sont en mesure d’orienter les porteurs de projets vers les bons interlocuteurs.

Les aides à la reconversion pour les demandeurs d’emploi

De nombreux dispositifs d’aide sont prévus pour les demandeurs d’emploi qui projettent une reconversion professionnelle. Voici les principaux :

Aide de Retour à l’Emploi Formation (AREF)

Elle s’adresse aux bénéficiaires de l’Allocation de Retour à l’Emploi (ARE) inscrits à une formation de Pôle Emploi au titre du Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi (PPAE). Bien que le montant de l’AREF corresponde normalement à celui de l’ARE de base, le montant minimal peut varier pour les salariés qui exercent à temps partiel.

Le Compte Personnel de Formation (CPF)

À l’instar du salarié, le demandeur d’emploi dispose d’un Compte Personnel de Formation (CPF) et peut utiliser le solde disponible pour couvrir les coûts liés à sa formation.

Le Chèque Formation

Accordée par le Conseil régional, cette aide finance une formation qualifiante aboutissant à l’obtention d’un diplôme ou d’un titre professionnel reconnu au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) ou éligible au Compte Personnel de Formation (CPF).

L’Action de Formation Préalable au Recrutement (AFPR)

Elle permet au candidat à l’embauche d’acquérir les compétences qui lui manquent pour accéder au poste souhaité ou proposé par Pôle Emploi et à accroitre ses chances. Cette aide s’applique spécifiquement aux offres d’emploi qui s’accompagnent de la mention « Action de Formation Préalable au Recrutement ». Toute personne inscrite à Pôle Emploi, qu’elle perçoive une indemnité quelconque ou non, peut y prétendre.

La Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle (POE I)

Toute personne inscrite à Pôle Emploi, qu’elle soit indemnisée ou non, peut prétendre à cette aide pour financer la formation permettant d’acquérir les compétences spécifiques requises pour répondre à une offre d’emploi déposée par une entreprise auprès de Pôle Emploi. Si le candidat atteint le niveau de compétences exigé au terme de la formation, l’employeur a l’obligation de l’embaucher. Ce dispositif favorise le retour à l’emploi dans des conditions optimales.

La Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective (POE C)

Ce dispositif a vocation à former des demandeurs d’emploi pour des postes concernés par une pénurie de main-d’œuvre. Cette aide ouverte à toute personne inscrite à Pôle Emploi, indemnisée ou pas, est mise en place à l’initiative des partenaires sociaux dans une branche professionnelle donnée.

L’Action de Formation Conventionnées (AFC)

Elle vise à augmenter l’employabilité des demandeurs d’emploi en les aidant à développer les compétences spécifiques exigées par le marché du travail. Pour ce faire, Pôle Emploi achète auprès de certains organismes de formation des places dans des programmes concernant des domaines en tension en termes de main-d’œuvre. L’objectif est de favoriser la réinsertion professionnelle des personnes inscrites à Pôle Emploi, indemnisées ou non, tout en répondant aux besoins des employeurs.

L’Aide Individuelle à la Formation (AIF)

Elle est conçue pour financer une formation non couverte par d’autres sources collectives ou individuelles. Elle peut être utilisée en complément des aides fournies par les collectivités territoriales ou les OPCO. Les publics concernés sont : les demandeurs d’emploi, les personnes en CRP (Convention de Reclassement Personnalisé), en CTP (Contrat de transition professionnel) ou en CSP (Contrat de sécurisation professionnelle).

La Rémunération des Formations de Pôle Emploi (RFPE)

Pôle Emploi verse cette indemnité aux demandeurs d’emploi engagés dans une formation agréée dans le cadre de leur projet personnalisé d’accès à l’emploi et qui ne satisfont pas ou plus aux critères d’éligibilité à l’Allocation de Retour à l’Emploi (ARE) ou l’Aide de Solidarité Spécifique (ASS). Elle aide ces derniers à acquérir de nouvelles compétences et à améliorer leur employabilité.

La Rémunération de Fin de Formation (RFF)

Elle se destine aux demandeurs d’emploi ayant épuisé leurs droits et ayant ont une formation en cours. Grâce à cette prise en charge par Pôle Emploi, ils continuent à toucher une indemnisation jusqu’à la fin de leur formation.

Les métiers qui recrutent en 2023

Pour se donner les meilleures chances de succès dans sa démarche de reconversion professionnelle, il est crucial de se tourner vers un secteur qui offre des opportunités de recrutement importantes. Pour 2023, les spécialistes identifient plusieurs domaines porteurs :

  • L’artisanat : mécanicien…
  • La beauté : coiffeur, esthéticienne…
  • Le bien-être : sophrologue, naturopathe…
  • Le BTP : électricien, maçon, plombier-chauffagiste…
  • La distribution : caissier(-ière), commercial(e), vendeur(-se)…
  • L’éducation : instituteur(-trice), agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM)…
  • L’environnement : jardinier…
  • L’hôtellerie-restauration : cuisinier, aide de cuisine…
  • L’immobilier : agent immobilier…
  • L’informatique et le web : community manager…
  • La logistique : chauffeur routier, manutentionnaire, préparateur de commandes…
  • La protection : agent pénitentiaire, agent de sécurité…
  • La santé : ambulancier(-ère), aide-soignant(e), infirmier(-ère)…
  • Le social et les services à la personne : agent d’entretien, aide à domicile, assistante maternelle, auxiliaire de Vie Sociale (AVS)…

Réussir sa reconversion professionnelle

Changer de carrière n’est pas une décision à prendre à la légère. Des difficultés de différente nature sont susceptibles de se produire tout au long de cette démarche, sans compter le chamboulement de la vile familiale, en termes d’organisation et de finances.

La réussite de cette transition dépend souvent de l’existence et de la qualité d’un accompagnement professionnel. Il est important de connaitre les étapes à suivre et les procédures administratives nécessaires. Sans une stratégie réfléchie et planifiée, le changement de carrière peut être risqué.

Le portage salarial est-il un bon support de reconversion ?

Le portage salarial est un excellent système pour trouver sa voie professionnelle et opérer une transition dans ce sens. Le travailleur porté exerce en tant qu’indépendant, mais avec les avantages d’un salarié. Cela signifie qu’il bénéficie de droits sociaux complets, incluant l’assurance maladie, la prévoyance (maternité, arrêt maladie), la mutuelle d’entreprise, l’allocation chômage (sous conditions), les congés payés, la formation professionnelle. Il est également couvert par l’assurance responsabilité civile et par la garantie financière souscrites par la société de portage salarial.

S’il est tenu de chercher lui-même ses clients et de négocier les termes de chaque mission directement avec ces derniers, le salarié porté touche une indemnité pour apport de chiffre d’affaires.

Le portage salarial est idéal pour tester la viabilité d’un projet professionnel en limitant le risque. Mais même après, il est dommage de quitter un environnement aussi favorable, car la société de portage accompagne le développement de l’activité du consultant.

La reconversion professionnelle avec le portage salarial

Le portage salarial représente indiscutablement une alternative intéressante pour une reconversion professionnelle, voire un tremplin vers la création d’entreprise. Cependant, le choix d’une société de portage doit être bien réfléchi, en vérifiant notamment le taux des frais de gestion prélevés, les modalités de paiement du salaire du collaborateur porté, la politique concernant les frais de remboursement, les garanties et assurances diverses, ainsi que l’adhésion à un syndicat professionnel, gage de respect des règles éthiques du secteur.

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