À l’heure où l’AI Action Summit réunit à Paris les leaders mondiaux de l’intelligence artificielle, une nouvelle compétence émerge dans le monde du travail : l’art d’écrire un prompt. Cette capacité à formuler des instructions claires et précises pour des agents conversationnels comme ChatGPT devient un atout stratégique.
Selon une étude d’Odoxa menée pour Artefact, seulement 12 % des salariés français utilisent actuellement l’IA dans leur quotidien professionnel. Pourtant, ceux qui s’y aventurent constatent un gain de temps moyen de 57 minutes par jour, preuve tangible de l’impact de cette technologie sur la productivité.
L’intelligence artificielle, lorsqu’elle est bien exploitée, peut automatiser des tâches fastidieuses comme le tri d’e-mails, la recherche d’informations précises dans des documents volumineux ou encore la rédaction de contenus variés. Mais la clé de cette efficacité réside dans la manière dont on communique avec ces outils. C’est là que le prompt engineering entre en jeu.
Comme l’explique Yann Gabay, cofondateur d’Oreegami et formateur en intelligence artificielle :
« Un LLM (Large Language Model), c’est un peu comme un stagiaire bizarre. Il est dévoué, brillant, il a une mémoire incroyable, mais des fois, il fait des choses très étranges. Il ne faut pas se fier à son bon sens mais être très précis dans ses demandes. »
Cette métaphore illustre parfaitement les défis posés par l’utilisation de l’IA : sans instructions claires, même le plus puissant des modèles linguistiques peut fournir des résultats incohérents ou inadaptés.
Un bon prompt repose sur trois piliers essentiels :
Plus votre demande est détaillée, plus la réponse sera pertinente. Par exemple, demander à l’IA de « rédiger un article sur les bienfaits du sport » est trop général.
En revanche, un prompt tel que :
« Agis comme un coach sportif spécialisé en entraînement à domicile. Mon objectif est de créer un post LinkedIn qui motive les jeunes professionnels sédentaires à intégrer des exercices simples dans leur routine quotidienne, et les inciter à s’abonner à mon programme en ligne » fournira des résultats bien plus adaptés.
Soignez le contexte : L’IA n’est pas omnisciente. Elle a besoin de repères pour orienter sa réponse. Plus vous fournissez d’informations sur le cadre, l’objectif ou le public cible, plus la réponse sera adaptée.
La vérification humaine : Même avec un excellent prompt, l’IA peut commettre des erreurs ou générer des réponses inexactes – un phénomène connu sous le nom d’« hallucinations ». Il est donc indispensable de relire et valider les résultats.
L’arrivée de l’intelligence artificielle dans les bureaux ne concerne pas seulement les métiers techniques. Toutes les professions intellectuelles sont désormais touchées.
Selon Yann Gabay :
« Ceux qui utilisent l’intelligence artificielle seront trois à quatre fois plus productifs que les autres. Cela va devenir compliqué pour ceux qui ne l’utilisent pas. »
Ce constat pousse de nombreuses entreprises à intégrer des formations sur l’IA et le prompt engineering. Natixis, par exemple, a formé 100 % de ses collaborateurs à ces nouvelles compétences, comme le confirme Cristel Guillain, directrice Talents & Transformation et DRH de la banque d’investissement.
L’étude Odoxa révèle que près de 47 % des utilisateurs actuels de l’IA estiment avoir besoin de compétences supplémentaires pour exploiter pleinement ces outils. Cette demande de formation traduit une prise de conscience croissante des défis et opportunités liés à l’IA dans le milieu professionnel.
Les entreprises qui investissent dans la formation de leurs salariés sur ces nouvelles compétences pourraient bien se retrouver en position de force face à leurs concurrents. En effet, en augmentant la productivité et en réduisant le temps consacré aux tâches répétitives, elles libèrent des ressources pour des missions à plus forte valeur ajoutée.
Alors que l’AI Action Summit met en lumière les dernières avancées en matière d’IA, il est temps pour les salariés de prendre conscience que la maîtrise de ces outils ne relève plus de la science-fiction, mais bien d’une nécessité professionnelle. Les premiers à s’adapter seront ceux qui tireront le meilleur parti de cette révolution technologique.
Cependant, malgré cette tendance, les compétences en écriture de prompts restent encore peu mentionnées explicitement dans les offres d’emploi. Séverine Loureiro, directrice du Lab RH, observe que si la maîtrise de l’IA commence à apparaître dans certaines descriptions de postes, le terme de « prompt engineering » est encore rare. Pourtant, cette situation pourrait évoluer rapidement à mesure que les entreprises réalisent l’importance stratégique de cette compétence.
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