Alors que la France a connu un chômage historiquement bas au début de 2023, atteignant 7,1 %, les perspectives pour 2025 s’assombrissent. Plusieurs facteurs économiques, structurels et conjoncturels rendent probable une hausse significative du taux de chômage.
Selon l’Insee, le chômage a légèrement augmenté au troisième trimestre 2024, atteignant 7,4 % (+0,1 point). Bien que ce chiffre reste modéré, il s’accompagne de signaux préoccupants. Les jeunes sont particulièrement touchés, leur taux de chômage bondissant à 19,7 %, un record depuis 2021. Cette tendance reflète une conjoncture économique peu favorable : 25 000 emplois ont été supprimés en France sur la même période, marquant un retour en arrière après les années de créations d’emplois post-Covid.
De nombreux secteurs enregistrent une contraction de l’emploi, avec une accumulation de fermetures d’entreprises. Entre août 2023 et août 2024, plus de 65 000 entreprises ont fait faillite, un niveau inédit depuis une décennie. Ces faillites, qui concernent majoritairement les très petites entreprises (TPE), impactent des secteurs variés comme l’artisanat, la restauration, et le commerce de proximité.
En parallèle, plusieurs grands noms de l’industrie française annoncent des suppressions massives de postes. Michelin a décidé de fermer deux de ses usines dans l’Ouest du pays. Les sites de Cholet (955 salariés) et Vannes (299) vont ainsi fermer leurs portes respectivement à la fin du printemps 2026 et avant la fin de l’année 2025.
De son côté, Auchan a annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) conduisant à la suppression de 2 389 postes au siège, dans les fonctions supports et les magasins. Ce sont pas moins de 5% des effectifs qui sont concernés !
Ces grandes entreprises ne sont pas isolées : le secteur automobile (Forvia, Valéo), la chimie (Solvay, Weylchem) ou encore la métallurgie et le BTP subissent également des restructurations majeures.
Selon la CGT, cette tendance pourrait entraîner la disparition de 150 000 emplois industriels dans les mois à venir. Ces annonces de plans sociaux s’inscrivent dans un contexte de ralentissement global de l’économie, marqué par des coûts énergétiques élevés, une inflation persistante, et une consommation intérieure en berne.
Le remboursement des Prêts Garantis par l’État (PGE), mis en place pour soutenir les entreprises pendant la crise Covid, devient un fardeau pour de nombreuses entreprises. Ces dettes, couplées à une hausse des taux d’intérêt, asphyxient les trésoreries déjà fragilisées par l’inflation. Beaucoup d’entreprises, notamment des TPE et PME, manquent de ressources pour honorer ces échéances, ce qui accentue la vague de faillites.
Le ralentissement de l’économie française s’inscrit dans une crise plus large en Europe. L’Allemagne, principal partenaire économique de la France, subit une contraction de son secteur industriel. Cette situation fragilise l’ensemble de la zone euro en raison d’une concurrence internationale accrue, notamment de la Chine et des États-Unis.
Par ailleurs, l’élection de Donald Trump aux États-Unis, avec sa promesse d’augmenter les droits de douane sur les produits européens, menace de réduire les exportations françaises, exacerbant les tensions sur le marché du travail.
Les dispositifs de soutien à l’emploi, comme les aides à l’apprentissage, subissent des réductions budgétaires, ce qui pourrait accentuer la précarisation des jeunes. Ces aides ont joué un rôle clé dans la dynamisation de l’emploi des moins de 25 ans, mais leur diminution prévue en 2025 risque de réduire les opportunités d’embauche chez cette tranche de la population.
De plus, la réforme des retraites de 2023, qui a repoussé l’âge de départ à 64 ans, maintient davantage de seniors sur le marché du travail. Si cela a contribué à une hausse du taux d’emploi des plus de 50 ans (60,8 % au troisième trimestre 2024), cela crée aussi une concurrence accrue sur certains postes.
Selon l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE), le taux de chômage pourrait atteindre 8 % dès 2025, marquant la fin d’une période d’optimisme sur le marché de l’emploi. Les créations d’emploi, qui s’élevaient à plus d’un million entre 2020 et 2023, ralentissent nettement, et un solde négatif est attendu pour les années à venir.
Les prévisions économiques globales n’offrent guère de répit. La croissance française reste atone, tandis que la consommation intérieure, pilier de l’économie, est freinée par une inflation persistante. Les plans de rigueur budgétaire, destinés à réduire le déficit public, pourraient aussi peser sur les politiques de l’emploi.
Ainsi, après une baisse spectaculaire, le chômage semble inévitablement repartir à la hausse. Plans sociaux, défaillances d’entreprises, fin des aides ciblées et concurrence internationale sont autant de facteurs qui convergent vers un horizon incertain pour 2025. Sans mesures ambitieuses pour soutenir l’économie et l’emploi, la promesse d’un plein emploi d’ici 2027 semble plus éloignée que jamais.