La génération Z rencontre des difficultés d’intégration professionnelle. Manque d’expérience, attentes élevées : pourquoi les entreprises hésitent à l’embaucher.
La génération Z, composée des jeunes nés entre 1997 et le début des années 2010, arrive progressivement sur le marché du travail, mais son intégration ne se fait pas sans heurts. Bien qu’ils soient souvent perçus comme dynamiques, connectés et porteurs de valeurs fortes, ces jeunes diplômés se heurtent à une réalité complexe : les entreprises hésitent de plus en plus à les embaucher, voire à les conserver une fois recrutés.
Entre manque d’expérience pratique, attentes irréalistes et difficultés d’adaptation, cette génération semble parfois être « boudée » par les employeurs. Pourquoi un tel écart entre les attentes des jeunes talents et les exigences des entreprises ?
L’un des principaux reproches faits à la génération Z est leur manque de préparation aux exigences du monde professionnel, et ce alors qu’ils ont des diplômes académiques ou ont effectué leurs études en alternance (837 000 nouveaux contrats d’apprentissage ont été signés en 2022 et le nombre de nouveaux contrats dans le secteur privé a été multiplié par 2,8 entre 2017 et 2022).
On pourrait alors croire que ces jeunes diplômés ont engrangé de l’expérience professionnelle pendant leurs études, et pourtant plus de la moitié des responsables de recrutement estiment que cette génération a une éthique de travail insuffisante et peine à s’adapter aux exigences du monde du travail, selon un rapport d’Intelligent, une plateforme de conseil en éducation et en carrière.
Un employeur sur six avoue même hésiter à embaucher un membre de la génération Z, citant leur propension à se vexer facilement et à commettre des erreurs dues à un manque de préparation.
Cette situation peut être expliquée par la manière dont les jeunes se sont préparés à leur entrée dans la vie active. Selon Holly Schroth, maître de conférences à la Haas School of Business de l’université de Californie à Berkeley, la génération Z a davantage misé sur les activités extrascolaires pour renforcer la compétitivité à l’université plutôt que sur l’acquisition d’une expérience professionnelle, ce qui a conduit à des « attentes irréalistes » sur le lieu de travail. Les jeunes de la génération Z, habitués à des environnements structurés et bien définis, peinent alors à s’adapter à un lieu de travail moins codifié, qui exige plus d’autonomie et de capacité à gérer des situations imprévues.
L’un des principaux obstacles rencontrés par les personnes de la génération Z sur le lieu de travail est leur difficulté à communiquer efficacement et à s’intégrer dans des équipes de travail. Toujours selon le rapport d’Intelligent, de nombreux jeunes diplômés éprouvent des difficultés à gérer les retours d’expérience de leurs supérieurs et à s’adapter aux normes de communication en entreprise. L’incapacité à donner ou recevoir du feedback constructif, la gestion de la charge de travail et la compréhension des attentes des managers figurent parmi les problèmes récurrents.
Un autre élément étonnant qui ressort des études sur la génération Z est la place prépondérante des parents dans leur recherche d’emploi. Une enquête menée par ResumeTemplates a mis en lumière que 70% des jeunes chercheurs d’emploi sollicitent l’aide de leurs parents pendant cette phase cruciale et que 25% ont leur ont demandé de rédiger leur CV ou leur lettre de motivation. Ce soutien excessif peut conduire à une certaine dépendance et à une sous-estimation des compétences d’autonomie nécessaires dans le monde professionnel.
Cette surprotection parentale ne fait qu’aggraver les problèmes d’intégration dans le milieu de travail. Les jeunes de la génération Z semblent ainsi parfois manquer de la résilience nécessaire pour faire face aux échecs et aux défis professionnels, ce qui complique leur adaptation dans un environnement de travail concurrentiel et exigeant.
La génération Z se distingue par son désir de travailler pour des entreprises qui partagent ses valeurs. Les jeunes recherchent un travail qui a du sens, qui contribue positivement à la société, notamment dans des domaines comme la justice sociale, l’environnement ou l’égalité des sexes. Cependant, les entreprises, surtout les plus traditionnelles, peinent souvent à répondre à ces attentes. La flexibilité et les valeurs éthiques sont des critères importants pour ces jeunes travailleurs, mais ces dernières sont souvent jugées secondaires pour les recruteurs, qui privilégient des critères plus classiques tels que l’expérience ou les compétences techniques.
Il existe néanmoins des entreprises qui réussissent à attirer et retenir des talents de la génération Z car elles ont compris qu’il était essentiel de répondre à ces attentes. Ces entreprises mettent en place des programmes de formation adaptés, une culture d’entreprise inclusive et transparente, et offrent des conditions de travail flexibles, comme le télétravail et des horaires aménageables.
Les jeunes diplômés cherchent avant tout un environnement où ils peuvent exprimer leur créativité, s’engager dans des causes sociales et trouver un équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle.
Malgré tous les obstacles cités précédemment, les jeunes de la génération Z représente un atout majeur pour les entreprises. Ils apportent avec eux une véritable expertise numérique et une vision innovante du travail, sont capables de remettre en question les pratiques obsolètes et d’adopter de nouvelles technologies avec une grande rapidité. Mais pour que ce potentiel se concrétise, il est essentiel que les entreprises investissent dans leur formation et leur intégration. Selon Holly Schroth, il est désormais crucial que les employeurs allouent plus de temps et de ressources pour les accompagner dans leurs premiers pas dans le monde du travail.
