Depuis quelques années, une question revient souvent : les jeunes sont-ils vraiment réticents à endosser des responsabilités managériales ? Alors que les discours populaires laissent entendre que les jeunes privilégient des carrières plus souples, centrées sur l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle, la réalité semble bien plus nuancée. Une étude de Performanse de juillet 2024 intitulée « Management : les jeunes sont au RDV » éclaire d’un jour nouveau ces idées préconçues. Analyse.
Contrairement à une opinion répandue, les jeunes ne sont pas désintéressés par les rôles de managers. L’étude menée auprès de 2 752 salariés actifs révèle que 68% des jeunes de 20 à 30 ans ont une image positive du management, et 58% d’entre eux souhaitent réellement devenir managers. Ces chiffres montrent clairement que les jeunes sont prêts à prendre des responsabilités, démentant ainsi l’idée que cette génération fuit les rôles hiérarchiques.
Ce qui a toutefois changé, c’est la perception même de la responsabilité. Alors qu’autrefois, le management était souvent vu comme un rôle hiérarchique classique, les jeunes d’aujourd’hui adoptent une vision plus horizontale. De nouveaux modèles émergent, où les responsabilités peuvent se décliner sous d’autres formes, comme celle de chef de projet ou d’expert, des rôles valorisant l’autonomie et la compétence sans nécessairement inclure une dimension hiérarchique traditionnelle.
Si les jeunes sont enclins à accepter des rôles managériaux, ils conditionnent toutefois cette responsabilité à une forme de souplesse organisationnelle. L’équilibre entre vie professionnelle et personnelle est devenu un critère clé pour cette génération. Ils ne sont plus prêts à sacrifier leur bien-être pour une carrière, ce qui reflète une transformation non seulement générationnelle mais aussi sociétale.
Cette quête d’équilibre se manifeste également par une recherche de stimulation intellectuelle et de liberté d’action dans leur environnement professionnel. Les jeunes veulent des structures flexibles qui leur permettent d’innover, tout en respectant des modes de travail non hiérarchiques. Ainsi, ils souhaitent conjuguer liberté et responsabilités, mais refusent d’endosser des fonctions managériales à l’ancienne, souvent perçues comme rigides et cloisonnées.
Malgré des différences dans la manière dont les jeunes envisagent la responsabilité, leurs attentes vis-à-vis du rôle de manager restent similaires à celles de leurs aînés. Les résultats de l’étude montrent que les jeunes attendent du manager qu’il soit un leader capable de piloter les activités et de conduire les transformations. Toutefois, un aspect spécifique se distingue : l’accent mis sur la coopération et les interactions sociales. Ces éléments témoignent de l’importance croissante des dynamiques d’équipe et du collectif dans la conception actuelle du management.
Les jeunes recherchent un manager capable de faciliter la collaboration et de stimuler l’innovation tout en créant un environnement de travail où chacun peut s’épanouir. Cette approche collaborative du leadership est en phase avec les évolutions sociétales récentes, qui valorisent de plus en plus les soft skills et les capacités relationnelles dans les environnements professionnels.
Pour répondre à ces nouvelles attentes, les entreprises doivent elles aussi se transformer. La flexibilité devient un impératif, tant en termes d’organisation du travail qu’en termes de sécurité professionnelle. Les jeunes, tout en recherchant une plus grande liberté dans la gestion de leur temps et de leurs engagements, restent attachés à certaines garanties, comme la sécurité de l’emploi, un salaire stable et des perspectives d’évolution claires.
La technologie permet de faciliter les modes de travail hybrides et à distance. Grâce aux outils numériques, les jeunes peuvent mieux gérer leur équilibre vie professionnelle-vie personnelle, tout en conservant une forte implication professionnelle. Cependant, cette flexibilité a des contreparties : les entreprises doivent accepter que les jeunes puissent avoir des engagements multiples, parfois même un second emploi, et adapter leurs pratiques managériales en conséquence.
Face à ces nouvelles attentes, le portage salarial apparaît comme une option intéressante pour les jeunes professionnels souhaitant conjuguer liberté et sécurité. Ce modèle permet aux jeunes talents de conserver une autonomie dans la gestion de leurs missions, tout en bénéficiant des avantages d’un salarié traditionnel, tels que la protection sociale, l’assurance chômage, et un cadre sécurisé pour leurs revenus.
Grâce à cette formule, les jeunes peuvent accepter des missions ponctuelles ou à long terme, tout en gardant la flexibilité qu’ils recherchent tant. Ils peuvent ainsi cumuler plusieurs projets, gérer leur emploi du temps de manière autonome et même développer leur activité sur le long terme, sans les contraintes administratives souvent associées au travail indépendant.
Si la flexibilité est essentielle, elle ne suffit pas à elle seule à assurer l’engagement des jeunes talents. Créer un environnement de travail où les collaborateurs se sentent valorisés, à la fois individuellement et collectivement est tout aussi essentiel. Les entreprises doivent mettre en place des mesures favorisant l’autonomie, tout en garantissant un cadre qui permet l’épanouissement personnel et professionnel. Cela passe par une reconnaissance des contributions, mais aussi par une dimension humaine dans la gestion des transformations internes.
Les entreprises qui réussissent à intégrer cette approche équilibrée, combinant flexibilité et respect des aspirations individuelles, seront en meilleure position pour attirer et fidéliser les jeunes talents. La capacité à concilier innovation et tradition sera déterminante pour construire des organisations prospères et harmonieuses dans le futur.