À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale ce jeudi 10 octobre, le sujet est devenue une priorité incontournable pour les entreprises, renforcé par l’annonce du Premier ministre Michel Barnier, le 1er octobre, qui a désigné la santé mentale comme grande cause nationale pour 2025.
Face à l’augmentation des troubles psychologiques, tels que l’anxiété et la dépression, le bien-être des salariés ne peut plus être ignoré. En 2023, une enquête de Santé publique France révélait que 16 % des Français montraient des signes de dépression et 23 % souffraient d’anxiété. Des chiffres alarmants, exacerbés par la pandémie de Covid-19, qui poussent les entreprises à prendre des mesures. Gros plan sur les différentes initiatives mises en place en entreprises.
Si la santé mentale est avant tout une question humaine, elle revêt aussi une importance économique. Un salarié souffrant de troubles psychologiques est plus susceptible d’être absent, de connaître une baisse de productivité ou encore de quitter son poste.
En 2023, les arrêts de travail pour raisons psychologiques représentaient 15 % des absences, faisant des troubles psychiques la deuxième cause d’absentéisme, juste derrière les maladies courantes.
Les conséquences d’une mauvaise prise en charge de la santé mentale peuvent être coûteuses pour les entreprises, tant en termes d’absentéisme que de turnover. Cependant, malgré ces risques économiques, l’implication des entreprises dans ce domaine reste inégale. Certaines sociétés, comme AXA France, offrent un soutien psychologique à leurs employés depuis plus de quinze ans, avec un accès à une ligne d’écoute disponible 24 heures sur 24 et des consultations avec des psychologues. D’autres, comme BlaBlaCar et L’Oréal, vont plus loin en proposant des consultations en face-à-face avec des praticiens spécialisés.
La santé mentale des salariés dépend souvent de la qualité de leur relation avec leurs managers. Or, comme l’explique Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH, les managers n’ont pas toujours conscience de l’impact de leur comportement sur le bien-être de leurs équipes. Pour répondre à ce besoin, de plus en plus d’entreprises forment leurs managers à détecter les signes de mal-être et à adopter les bonnes pratiques, comme la communication ouverte et l’écoute active. Cela permet de créer un environnement de travail plus sain et d’anticiper les problèmes avant qu’ils ne se transforment en crises.
Outre la formation des managers, les entreprises cherchent également à sensibiliser l’ensemble de leurs effectifs à la question de la santé mentale. Webinaires, conférences et ateliers permettent de briser le tabou qui entoure souvent ce sujet. Comme l’explique Amélie Watelet, DRH d’AXA France, « trop souvent, des collaborateurs ne parlent pas de leur mal-être par peur d’être stigmatisés ».
Les entreprises doivent aller au-delà de ces initiatives et s’interroger sur leurs propres pratiques. Si l’organisation du travail elle-même n’est pas adaptée, toutes les actions de sensibilisation risquent de rester sans effet durable. Les grandes entreprises ont les moyens d’agir de manière plus proactive, tandis que les petites structures, bien que souvent limitées dans leurs ressources, bénéficient d’une plus grande proximité humaine qui leur permet de détecter plus rapidement les signes de mal-être.
Les entreprises doivent également repenser leurs pratiques internes pour créer des conditions de travail plus saines. Le défi reste immense, mais les entreprises qui sauront le relever y trouveront non seulement un bénéfice humain, mais aussi une meilleure performance globale.