Le rapport d’activité de France Travail pour l’année 2023, rendu public récemment, révèle une réalité alarmante concernant les conditions de travail au sein de l’institution. Bien que les indicateurs de performance en gestion des ressources humaines demeurent globalement satisfaisants, les témoignages des agents et des chercheurs signalent une détérioration progressive de l’environnement professionnel, susceptible d’affecter la qualité de l’accompagnement destiné aux demandeurs d’emploi.
Les auteurs de l’étude, commandée par la Dares, rapportent une « désorganisation croissante des activités et une intensification de la pression sur le personnel ». Cette situation est exacerbée par une transformation des pratiques d’accompagnement en processus hautement standardisés, comparables à ceux observés dans d’autres secteurs tertiaires.
Les conseillers, confrontés à une surcharge de travail, ont de plus en plus de difficultés à accorder à chaque demandeur d’emploi le temps nécessaire pour construire un projet professionnel personnalisé. La relation d’accompagnement tend ainsi à se standardiser et à se focaliser sur des objectifs quantitatifs plutôt que qualitatifs.
Les outils en ligne se développent heureusement pour alléger les flux dans les agences. En outre, ils permettent aux usagers d’effectuer certaines démarches ou d’obtenir certaines informations immédiatement, sans avoir à se déplacer. C’est le cas de la fonction de simulation d’indemnité chômage, essentielle pour estimer le montant des allocations auxquelles un demandeur d’emploi peut prétendre. En tenant compte de divers critères tels que la durée d’activité, le salaire antérieur, et les contributions versées, cette démarche aide à mieux planifier le budget pendant la période de chômage et à avoir une visibilité claire sur ses droits.
L’étude souligne également la précarisation croissante des emplois au sein de France Travail, avec un recours accru aux contrats courts ou de service civique. En parallèle, la promotion de formes d’emploi telles que les contrats temporaires et les statuts d’auto-entrepreneur fragilise la protection sociale des agents, ce qui se répercute sur leur engagement dans l’institution.
En réponse aux critiques, la direction générale de France Travail souligne que « la satisfaction des demandeurs d’emploi reste élevée, avec 84,5 % d’avis positifs en 2023 », selon leur baromètre interne. Ils défendent par ailleurs la mise en place de dispositifs d’écoute et de soutien psychologique pour l’ensemble de leur personnel.
Pour autant, de nombreux observateurs estiment qu’« il est urgent de repenser le modèle de fonctionnement de France Travail afin de sortir de l’impasse et garantir un service public de qualité ».