L’Unédic, organisme chargé de la gestion de l’assurance-chômage en France, fait face à une pression financière croissante. En raison du ralentissement de l’emploi et des ponctions imposées par le gouvernement Borne, l’excédent de 900 millions d’euros prévu pour 2024 pourrait être bien inférieur à ce qui était initialement anticipé. Alors que syndicats et patronat s’inquiètent de cette situation, la question de la soutenabilité des finances de l’Unédic se pose plus que jamais. Décryptage.
Depuis 2023, l’Unédic subit des ponctions massives imposées par le gouvernement pour financer d’autres réformes comme France Travail. Ces ponctions, qui s’élèvent à 12,1 milliards d’euros entre 2023 et 2026, viennent directement grever les excédents de l’Unédic. En 2024, ce sont 2,6 milliards d’euros qui sont prélevés, compromettant sérieusement la capacité de l’Unédic à se désendetter.
Le plan du gouvernement repose sur des prévisions économiques optimistes qui, au fil des mois, se sont révélées être en décalage avec la réalité du marché de l’emploi. En effet, la croissance du PIB pour 2024 est désormais révisée à 1,1 %, loin des 1,6 % prévus initialement. Cette situation entraîne une baisse des recettes issues des cotisations chômage, tandis que les dépenses augmentent en raison de la montée du chômage et des allocations plus élevées en réponse à l’inflation.
Les partenaires sociaux, qui avaient accueilli ces ponctions avec scepticisme, voient désormais leurs craintes se confirmer. Ils craignent que l’excédent financier prévu pour 2024 s’évapore, rendant l’Unédic encore plus dépendante des emprunts pour financer ses opérations. L’endettement de l’organisme, qui s’élève actuellement à 59,124 milliards d’euros, n’a diminué que de 191 millions d’euros sur les huit premiers mois de l’année, un chiffre dérisoire par rapport aux besoins financiers du régime.
Le ralentissement de l’emploi en 2024 vient exacerber les difficultés financières de l’Unédic. Alors qu’elle tablait sur une création de 100 000 emplois privés supplémentaires cette année, seuls 30 000 postes ont été créés au premier semestre, selon les données de l’Insee. Cette baisse des créations d’emplois se traduit directement par une diminution des recettes de cotisations, réduisant la capacité de l’Unédic à dégager des excédents.
Ce phénomène est couplé à une augmentation des dépenses liées à l’assurance-chômage. En effet, le léger accroissement du taux de chômage, ainsi que la revalorisation des allocations pour compenser l’inflation, pèsent lourdement sur les finances de l’organisme. Ces facteurs combinés risquent d’annihiler l’excédent prévu de 900 millions d’euros, voire de rendre la situation financière de l’Unédic déficitaire d’ici la fin de l’année.
En parallèle, les partenaires sociaux insistent sur la nécessité de reconsidérer les ponctions imposées par le gouvernement. Alors que les prévisions économiques à l’origine de ces décisions semblent de plus en plus irréalistes, ils appellent à une révision des priorités afin de préserver la viabilité du régime d’assurance-chômage.
Face à cette situation complexe, l’avenir de l’Unédic est incertain. Alors que les partenaires sociaux espèrent que le Premier ministre leur redonnera une plus grande marge de manœuvre dans la gestion du régime, la pression financière ne cesse de croître. Le financement de France Travail, qui repose en grande partie sur les excédents de l’Unédic, risque d’aggraver encore davantage la situation.
À court terme, il semble improbable que l’Unédic parvienne à atteindre les excédents espérés. La crise de l’emploi, conjuguée à l’augmentation des dépenses et aux ponctions gouvernementales, crée un environnement financier difficile à maîtriser. Les syndicats et le patronat doivent maintenant s’adapter à cette nouvelle donne et chercher des solutions pour maintenir la stabilité de l’assurance-chômage.
Si le marché de l’emploi ne se redresse pas rapidement et si les ponctions continuent d’être appliquées sans ajustement, l’organisme risque de se retrouver dans une situation de dépendance accrue vis-à-vis des emprunts, mettant en péril sa mission première de protection des chômeurs.
Les partenaires sociaux, syndicats et patronat, appellent à une réévaluation des priorités afin de préserver la viabilité de l’assurance-chômage et de protéger les travailleurs.