L’assurance-chômage nécessite un véritable équilibre à trouver entre les besoins des salariés, les capacités des employeurs et les contraintes budgétaires du gouvernement. Avec l’abandon de la réforme Attal en juin dernier, de nouvelles discussions s’ouvrent sous l’impulsion du Premier ministre Michel Barnier et d’Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail. L’accent est mis sur une collaboration plus étroite avec les partenaires sociaux pour redéfinir les priorités tout en évitant des coupes supplémentaires dans le budget de l’assurance-chômage
Depuis l’annonce de Michel Barnier concernant sa volonté de redonner la main aux partenaires sociaux sur le dossier de l’assurance-chômage, les attentes sont grandes. Pourtant, aucun détail précis n’a été fourni quant aux conditions imposées par le gouvernement, créant ainsi un climat d’incertitude parmi les représentants patronaux et syndicaux.
Astrid Panosyan-Bouvet, récemment nommée ministre du Travail, a cherché à clarifier la situation lors de sa première intervention publique. Selon elle, la base de travail pour les négociations sera l’accord de novembre 2023, signé par plusieurs acteurs majeurs des deux camps. En outre, elle a insisté sur l’importance de traiter des sujets comme l’emploi des seniors et l’aménagement des retraites, une question qui reste brûlante.
L’accord de novembre 2023 semble être le point de départ pour ces nouvelles négociations. Cet accord, qui a réuni le Medef, la CPME et l’U2P du côté patronal, ainsi que la CFDT, FO et la CFTC côté syndical, offre une base solide pour avancer. Astrid Panosyan-Bouvet a été claire : il ne sera pas question de demander des économies supplémentaires aux partenaires sociaux, contrairement à ce qui était initialement prévu dans la réforme Attal.
Cette décision de maintenir les acquis de l’accord de 2023 est perçue comme un signe d’apaisement. Le patronat et les syndicats craignaient que le gouvernement impose de nouvelles mesures d’austérité, notamment en matière de réduction des coûts. Le plan Attal, avant d’être abandonné, prévoyait des économies de 3,5 milliards d’euros, un objectif qui avait suscité de vives inquiétudes.
Un des points majeurs de ces négociations repose sur l’aménagement de la réforme des retraites. L’accent est particulièrement mis sur l’emploi des seniors, la pénibilité du travail et les carrières hachées, des sujets qui touchent un grand nombre de salariés en France. Astrid Panosyan-Bouvet a évoqué ces sujets avec beaucoup de prudence, soulignant la nécessité de trouver des solutions sans précipitation.
La ministre prévoit de rencontrer les partenaires sociaux en bilatéral, pour aborder ces thématiques de manière approfondie. Cette méthode de dialogue vise à retisser des liens que la ministre a elle-même qualifiés de « distendus » avec les organisations syndicales et patronales.
Sur le plan des salaires, Michel Barnier a annoncé une revalorisation anticipée du SMIC de 2 % au 1er novembre. Bien que cette hausse n’aille pas au-delà de l’ajustement légal prévu, elle a été accueillie favorablement par certains, tout en suscitant des critiques de ceux qui estiment cette mesure insuffisante pour répondre à la crise du pouvoir d’achat.
Astrid Panosyan-Bouvet a, de son côté, mis en lumière un autre problème persistant : celui des « trappes à bas salaires ». Beaucoup de travailleurs, en particulier les femmes en emploi partiel, restent « scotchés » au SMIC tout au long de leur carrière, sans véritable possibilité de progression. Ce phénomène est notamment aggravé par les mécanismes d’allègement des cotisations sociales et les effets de seuil dans le système fiscal et social français. La problématique des « trappes à bas salaires » ne se résume pas simplement à une question d’équité. Elle repose aussi sur un subtil équilibre entre incitations à la hausse des salaires et la rentabilité des entreprises. Astrid Panosyan-Bouvet a averti qu’il serait dangereux d’adopter des mesures trop brusques, qui risqueraient de pénaliser l’emploi. Pour cette raison, elle prône un « lissage » des effets de seuil afin que la progression au-delà du SMIC soit encouragée, à la fois pour les salariés et les employeurs.
Face à cette réalité, une question s’impose : faut-il organiser une conférence sur les salaires ? Michel Barnier n’a pas évoqué cette possibilité dans sa déclaration de politique générale, mais la ministre du Travail y semble favorable. Elle a déclaré qu’il y a déjà des « ajustements » qui pourraient être effectués à court terme, notamment lors des discussions budgétaires à venir.
En parallèle, un rapport d’économistes, attendu pour le 3 octobre, devrait apporter des pistes de réflexion sur la manière de réformer le mécanisme d’allègement des cotisations pour les bas salaires. L’objectif serait d’encourager la progression salariale sans pénaliser l’emploi.
Malgré les avancées annoncées, le climat social reste tendu. Le patronat et les syndicats ont des attentes fortes en matière de pouvoir d’achat et de conditions de travail. La réforme des retraites et l’assurance-chômage ne sont que deux volets d’un dossier bien plus vaste, qui inclut également la question des salaires, des conditions de travail et de l’emploi des seniors.
Astrid Panosyan-Bouvet a néanmoins réitéré sa volonté de privilégier le dialogue social et de trouver des solutions concertées avec les partenaires sociaux. Ce dialogue sera crucial dans les mois à venir pour éviter de nouvelles crispations sociales.