Dans un contexte où l’apprentissage est souvent présenté comme une solution idéale pour l’insertion professionnelle, une étude récente de l’Unédic bouscule cette perception. Alors que le nombre d’apprentis a triplé depuis 2017, les chiffres révèlent une réalité plus préoccupante : de plus en plus de jeunes diplômés issus de l’apprentissage se retrouvent au chômage.
Cette tendance met en lumière un paradoxe : malgré une formation spécialisée, ces jeunes peinent à trouver une stabilité professionnelle, soulignant ainsi les limites d’un système qui, bien que soutenu par des politiques publiques ambitieuses, ne parvient pas à garantir l’employabilité de ses bénéficiaires.
Si l’apprentissage a connu un essor sans précédent ces dernières années, il s’accompagne d’un phénomène inquiétant : l’augmentation du nombre de jeunes apprentis diplômés se retrouvant au chômage.
Les réformes successives de 2018 visant à libéraliser les parcours professionnels, et les mesures incitatives mises en place durant la crise sanitaire ont induit une croissance exponentielle du nombre d’apprentis. Celui-ci a triplé depuis 2017 pour atteindre 850 000 nouvelles entrées en 2023.
Si cette dynamique a eu un impact significatif sur le régime d’assurance chômage, elle n’a pas permis de garantir une insertion professionnelle systématique à tous les apprentis. En effet, le nombre d’allocataires pour ces profils a plus que doublé entre 2019 et 2023, atteignant 165 000. Cette tendance devrait s’accentuer avec la substitution progressive des contrats de professionnalisation par les contrats d’apprentissage, notamment après la fin des aides à l’embauche.
Le statut d’auto-entrepreneur, bien qu’offrant une grande flexibilité, n’immunise pas contre le chômage. Les fluctuations économiques et sectorielles peuvent impacter significativement l’activité des micro-entreprises, rendant la perte de revenus possible, malgré l’autonomie perçue.
Ainsi, le profil des personnes inscrites pour la première fois à France Travail évolue, avec une présence croissante des anciens apprentis, notamment de niveau bac+3 et supérieur. Malgré cette hausse des qualifications, l’insertion professionnelle de ces individus reste un enjeu majeur. En 2023, ces derniers représentaient 7,8 % des nouveaux bénéficiaires.
Et la réforme de 2023, qui a réduit la durée moyenne d’indemnisation de 25 % pour passer à 580 jours, souligne l’adaptation du dispositif d’assurance chômage à cette nouvelle réalité.
Autre conséquence inévitable de ce phénomène : la croissance des dépenses consacrées à l’indemnisation des anciens apprentis. Bien que le montant de leur allocation journalière moyenne en 2023 (25 euros) se situe à 34 % en dessous de celle des autres allocataires (39 euros), en raison de rémunérations souvent inférieures au SMIC durant leur période d’apprentissage, elle a connu une hausse de 34 % depuis 2018.