L’efficacité des politiques publiques d’emploi dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville est remise en question par Ousama Bouiss, doctorant en stratégie et théorie des organisations à l’Université de Montpellier, dans un article récent de The Conversation. Malgré les mesures mises en œuvre pour réduire les disparités économiques, les résultats demeurent décevants.
Les quartiers désignés « prioritaires » affichent un alarmant taux de pauvreté de 42,6 %, nettement supérieur à la moyenne nationale de 14,8 %.
Les taux de chômage élevés, frôlant les 19,6 % pour les hommes et 16,5 % pour les femmes (comparativement à environ 7,5 % et 7,1 % au niveau national), soulignent l’ampleur des disparités.
Pour combler ces fossés, une série d’initiatives innovantes a été lancée, parmi lesquelles se distinguent :
Par ailleurs, en favorisant une transition en douceur vers le marché du travail, le portage salarial s’inscrit naturellement comme une réponse éclairée. Il offre aux individus l’opportunité de conjuguer indépendance et sécurité en jouissant des avantages d’un statut salarié, tout en embrassant la flexibilité entrepreneuriale.
Cependant, un rapport de la Cour des comptes portant sur la période de 2015 à 2021 met en évidence un constat accablant : les politiques de l’emploi, dans leur conception et leur exécution actuelles, ne parviennent pas à réduire les écarts socio-économiques entre les quartiers prioritaires et le reste de la population.
Comment expliquer cette inefficacité persistante des politiques publiques ?
L’une des raisons principales de cet échec découle de l’inadéquation des dispositifs en place. Les spécificités des quartiers prioritaires et de leurs habitants sont insuffisamment prises en considération et contrairement aux présomptions courantes, les défis ne se réduisent pas à la seule mobilité résidentielle et au trafic de stupéfiants.
Deux éléments étroitement liés, à savoir la pauvreté et la déscolarisation, jouent un rôle prépondérant. Un constat déjà souligné par le Conseil d’analyse économique (CAE) en avril 2017, mettant en avant l’héritage de la pauvreté des parents sur la situation des enfants.
La racine du problème réside dans la concentration des dispositifs sur quelques axes spécifiques, comme l’accompagnement vers l’emploi et le soutien au recrutement. Cette approche néglige le décrochage scolaire, laissant ainsi les causes profondes sans réponse.
Les experts insistent sur la nécessité de s’attaquer aux déterminants de la pauvreté, comme l’échec scolaire et les difficultés d’insertion professionnelle des moins diplômés, pour briser le cercle vicieux.