Les salariés ont négocié des hausses plus conséquentes de leur rémunération pour cette année. Cette révision est destinée à compenser une inflation toujours élevée, qui pèse sur le portefeuille des Français. Par ailleurs, davantage de clauses de revoyure ont été insérées dans les accords, permettant des renégociations le cas échéant.
Dans l’Hexagone, les négociations annuelles obligatoires (NAO), désormais connues sous le nom de « négociations sur la rémunération, le temps de travail et le partage de la valeur ajoutée », constituent un moment crucial du dialogue social. Dans un contexte économique tendu, les salariés étaient en attente de l’issue de cet exercice, qui a démarré avec une légère avance par rapport au calendrier habituel. Le cabinet de conseil en ressources humaines Mercer, qui réalise une enquête annuelle concernant ces négociations, estime qu’« elles ont été bouclées dès fin mars dans 87 % des entreprises ».
Bien que l’inflation semble refluer progressivement, les pics atteints en 2022 ont lourdement impacté le pouvoir d’achat des Français. Pour cette raison, les salariés ont placé au centre de leurs requêtes la revalorisation des grilles salariales. L’augmentation médiane à 4,95 % des salaires de base réclamée montre que leurs revendications ont été prises en compte, au moins partiellement.
Bon à savoir : Ces révisions ne concernent pas les salariés portés, même s’ils ont signé un contrat de travail. En portage salarial, une simulation du TJM (taux journalier moyen, base de facturation des honoraires des consultants indépendants) est nécessaire pour ajuster leurs revenus en fonction de l’inflation, de leurs charges, etc.
Sur la base des analyses effectuées par Mercer sur la période novembre 2022-mars 2023, « une augmentation médiane de 4,95 % a été appliquée ». Concrètement, le taux de hausse sera inférieur à 4,95 % pour 50 % des salariés et supérieur à ce seuil. Les 142 entreprises interrogées par le cabinet dans le cadre de cette étude ont opté pour des révisions variant de 2,8 % à 8 %. Pour rappel, en 2021-2022, à l’issue des NAO, l’augmentation médiane se situait à 2,8 %.
Mais en 2022, l’inflation de 5,2 % communiquée par l’Insee a entrainé une forte mobilisation sociale, et une demande des syndicats pour des hausses salariales plus importantes. Avec les récents accords, l’écart entre l’évolution des salaires et celle des prix à la consommation devrait être moins marqué, l’Insee anticipant une inflation de 5 % en 2023.
L’enquête met en lumière une « préférence de la plupart des entreprises pour des augmentations générales », avec une médiane à 3 %, nettement au-dessus des 1,1 % observés en 2022. L’ensemble du personnel, sauf les cadres supérieurs et les dirigeants, a bénéficié de ces révisions générales. À l’inverse, ces dernières années, seuls les employés aux salaires les plus faibles y avaient eu droit. De son côté, l’augmentation individuelle médiane résultant des NAO 2022-2023 n’a été que de 2 %.
Les entreprises disposent d’autres moyens pour revaloriser le pouvoir d’achat de leurs salariés, dont l’ancienne prime « Macron », maintenant appelée « prime pour le partage de la valeur ajoutée » ou PPV. D’après le sondage du cabinet Mercer, « 49 % d’entre elles ont l’intention d’accorder cette prime à leurs collaborateurs en 2023 ». La loi sur le partage de la valeur, validée en première lecture par les députés, prévoit l’extension de l’octroi de la PPV à toutes les sociétés qui emploient plus de 11 personnes.
Dernier enseignement de ces récentes négociations, les clauses de révision se sont multipliées : 21 % des entreprises les ont ajoutées, dans leur accord (+10 points de pourcentage par rapport à 2021-2022). Pour les salariés, « leur inclusion est essentielle pour se protéger contre le risque d’accélération inattendue et brutale de l’inflation au cours de l’année ».