La réforme récente qui a fixé l’âge de départ à la retraite à 64 ans a suscité une forte opposition de la part des Français. Pourtant, au lieu d’économiser pour leurs vieux jours, ils préfèrent l’épargne de précaution, en alimentant notamment leur livret A. La tension sociale et l’inflation en hausse continue ne sont sans doute pas étrangères à un tel choix.
D’après un sondage réalisé par le Cercle de l’Épargne en février 2023, « 40 % des Français reconnaissent que leur épargne a perdu en valeur du fait de l’inflation ». Alors que les prix s’affichent en nette croissance, 22 % des personnes interrogées ont choisi de mettre encore plus d’argent de côté. À l’inverse, 27 % ont dû mobiliser leurs économies pour joindre les deux bouts, et 65 % ont été contraints de réduire leurs dépenses de consommation.
Pour ceux qui ont pu épargner, le Livret A est le support de prédilection pour limiter l’impact de l’inflation. D’ailleurs, depuis le début de l’année, il suscite un net engouement auprès des Français. Ce succès est attribué à l’augmentation de son taux à 3 % au 1er février 2023. 65 % des ménages ont ainsi misé sur ce produit d’épargne sécurisé, tandis que respectivement 60 % et 56 % des sondés ont investi dans un logement à louer locatif ou ont souscrit une assurance vie.
Toujours d’après cette étude, « 65 % des actifs craignent de ne pouvoir subvenir à leurs besoins à la retraite en raison d’une pension trop faible ».
Mais malgré ces préoccupations, les Français qui épargnent ne priorisent pas la retraite mais la prévention des coups durs. En effet, alors que 59 % des actifs mettaient de l’argent de côté pour leur retraite en 2019, ce chiffre est aujourd’hui tombé à environ 50 %, voire moins pour les ménages les plus fragilisés.
Lorsqu’il s’agit de se créer une source de revenus complémentaires en vue de la retraite, l’achat de la résidence principale est la solution préférée de 48 % des Français. L’assurance vie et l’investissement locatif suivent avec 18 % des voix chacun, suivant les dispositifs d’épargne retraite, qui recueillent 14 % des suffrages.
Bien que pour 8 travailleurs sur 10, 62 ans serait l’âge idéal pour prendre leur retraite, 74 % refusent de se voir appliquer une décote. Aussi, 48 % ne devraient liquider leurs droits que lorsqu’ils rempliront les conditions d’un taux plein. Environ deux tiers (67 %) des personnes actuellement en activité pensent qu’elles devront rester en activité au-delà de 62 ans, voire jusqu’à 64 ans ou plus pour 43 % des répondants.
Aujourd’hui, de plus en plus de seniors cumulent emploi et pension pour boucler leurs fins de mois, se tournant souvent vers le portage salarial pour combiner autonomie et protection sociale.
D’ailleurs, bien que réfractaires à la réforme des retraites, les trois quarts du panel estiment fort probable un nouveau relèvement de l’âge légal de la retraite au cours des prochaines années, jusqu’à 65 ans ou plus.
À la question du choix du modèle de retraite, 44 % votent pour le maintien du système par répartition, contre 15 % voudraient un système exclusivement basé sur la capitalisation. 41 % jugent plus pertinente une formule « hybride » entre répartition et capitalisation.