Les Hauts-de-France ont connu un bond du nombre de chefs d’entreprise qui se sont retrouvés au chômage en 2022 (3407 personnes), dépassant largement la moyenne nationale. En augmentation de 73,3 % entre 2021 et 2022, la situation de la région est préoccupante, contre 34,1 % pour l’ensemble du territoire.
Les données proviennent du septième Observatoire de l’emploi des entrepreneurs réalisé par GSC-Altares. Selon le président de l’association, Anthony Streicher,
« les sources des difficultés des entrepreneurs sont identiques dans toute la France, mais elles semblent plus marquées dans les Hauts-de-France ».
Et si la tendance concernant les défaillances d’entrepreneurs est identique à travers la région, le département du Nord, qui enregistre la plus forte concentration de chefs d’entreprise, est le plus touché. À l’inverse, l’Oise parvient une fois de plus à tirer son épingle du jeu avec 37,4 % de hausse annuelle du nombre d’entrepreneurs au chômage.
Le président de la Garantie sociale des chefs d’entreprise (GSC) estime que
« le mouvement relève d’un « retour progressif aux niveaux pré-pandémiques » que d’un véritable changement ». Il rappelle que « lors d’une année « normale » en France, 50 à 55 000 chefs d’entreprise perdent leur activité ».
En 2022, ils ont été environ 38 000, mais la moyenne risque d’être dépassée en 2023, compte tenu des multiples facteurs qui pèsent sur l’économie.
Anthony Streicher révèle ainsi que
« les chiffres de ce début d’année sont déjà supérieurs à ceux de 2018 ».
S’y ajoutent les défaillances d’autres statuts de travailleurs indépendants, car la définition du freelance couvre les auto-entrepreneurs, les entrepreneurs individuels, les sociétés et les consultants en portage salarial.
En effet, après la crise sanitaire est venue celle de l’énergie, sans compter les problèmes d’approvisionnement en matières premières causés par la guerre en Ukraine, sans oublier l’inflation en hausse continue depuis 2022. Pendant des années, l’État a multiplié les mesures pour minimiser les défaillances d’entreprises. Durant la pandémie, ces dernières ont bénéficié de prêts garantis par l’État et d’exonérations diverses. Mais désormais, les emprunteurs doivent s’acquitter de leur dette, alors que la conjoncture est défavorable.
Les entreprises du BtoC sont les plus affectées par le poids de l’inflation sur le budget des ménages. 25 % des dirigeants ayant perdu leur emploi en 2022 sont issus du secteur du commerce. Quant à la croissance la plus importante en rythme annuel (+ 137,6), elle est observée dans le domaine de l’hôtellerie, la restauration et les débits de boissons. De manière générale, les entreprises les plus vulnérables sont les TPE générant un chiffre d’affaires inférieur à 500 000 euros.
Afin d’aider les entrepreneurs défaillants à rebondir, des associations telles que « 60 000 rebonds » déploient leur réseau à travers la France. Elles fournissent un accompagnement aux chefs d’entreprise en dépôt de bilan sous forme de séances de coaching, de parrainage, etc. afin de lui redonner confiance, l’aider à aller de l’avant et changer le regard des autres. Dans la région Hauts-de-France, l’association dispose d’une présence à Lille, Dunkerque, Arras, et plus récemment, à Amiens.