Depuis le 1er janvier 2019, les salariés nés après 1956 éligibles à une retraite à taux plein et qui font valoir immédiatement leurs droits subissent un malus sur leur retraite complémentaire Agirc-Arrco. Cette décote de 10 % s’applique pendant trois ans. Avec la réforme du système, la question du maintien de cette pénalité financière se pose.
En 2019 et en 2020, environ 55 % des nouveaux retraités qui sont partis avec une retraite complète grâce à une durée de cotisation suffisante ont subi une décote. Pour éviter ce malus de 10 % sur le montant de leur pension, ils auraient dû prolonger leur carrière d’une année. Or, pour de nombreux experts :
« cette pénalité financière applicable pendant trois ans au maximum ne constitue pas forcément un argument suffisant pour encourager les seniors à décaler leur départ à la retraite d’une année ».
L’avenir du malus est remis en question, alors que la mesure phare de la réforme souhaitée par l’Exécutif prévoit le report de l’âge de départ minimum à 64 ans. En effet, en cas de statu quo, les actifs qui liquideront leurs droits entre 64 et 66 ans, en ayant cotisé suffisamment de trimestres, continueront à subir un abattement de 10 % pendant trois ans.
De même, les travailleurs ayant eu une carrière longue resteront soumis à une déduction de 5 % sur le montant de leur pension. Avec 13 millions de Français affiliés à Agirc-Arrco, les partenaires sociaux, gestionnaires de la caisse, doivent étudier différents scénarios en vue d’une décision en avril prochain.
L’une des hypothèses mises sur la table concerne la suppression du malus, afin de « neutraliser la pénalité ». Les organisations syndicales s’y montrent favorables, considérant les efforts consentis par les salariés face au recul de l’âge de départ à la retraite.
Quant aux organisations patronales, notamment le Medef, elles souhaitent conserver le bonus. Pour rappel, toute année de travail au-delà de l’âge du taux plein permet de percevoir une retraite complémentaire majorée de 10 %. Sur le même principe, avec deux années ou trois années supplémentaires, le retraité a droit à une majoration à des taux respectifs de 20 % et 30 %.
La mise en place du système de bonus-malus était justifiée à l’origine par les partenaires sociaux de garantir l’équilibre financier de l’organisme. Aujourd’hui, une source au sein de l’Agirc-Arrco révèle que la décision concernant le maintien ou non du malus
« repose en grande partie sur l’effort que la réforme imposera à la caisse, entre autres le minimum contributif et les carrières longues ».
Le bilan financier actuel du régime montre un niveau de réserves de l’ordre de 60 et 70 milliards d’euros. Toutefois, les administrateurs devront analyser le résultat global annuel dans les détails pour décider de la capacité de l’Agirc-Arrco à soutenir d’autres mesures, et par conséquent, du retrait ou non du malus.
En attendant, pour compléter leurs revenus rognés, de nombreux retraités cumulent retraite et emploi. Le portage salarial est un statut populaire auprès des seniors, qui recherchent liberté et sécurité. En effet, la définition du portage salarial le présente comme une forme d’emploi hybride entre entrepreneuriat et salariat, ce qui leur permet de travailler à leur rythme tout en bénéficiant d’une protection sociale complète. Celle-ci inclut l’assurance maladie, la prévoyance, la mutuelle collective, la cotisation retraite, l’assurance chômage, la formation professionnelle.