Trois millions d’emplois ont été créés dans la zone euro depuis le dernier trimestre 2019, avant la pandémie du Covid-19. Le taux de chômage est stable, au niveau bas historique (6,5 %) atteint en novembre. Mais pour les prochains mois, les économistes anticipent une remontée de ce chiffre en raison d’une inflation galopante qui pèse sur la consommation, et les conséquences de la guerre en Ukraine.
D’après les données de l’Eurostat,
« les 27 États membres de l’Union européenne comptaient au total 12,95 millions de chômeurs en novembre, soit 6,5 % de la population active ».
Pour rappel, l’office européen des statistiques se base sur la définition du Bureau international du travail (BIT). Les demandeurs d’emploi pris en compte sont ceux en recherche active d’un travail durant les 4 dernières semaines et disponibles pour démarrer une activité professionnelle au cours des 2 semaines à venir.
Cet indicateur, stable sur un mois et en recul de 0,6 point sur un an, s’affiche à un niveau bas jamais atteint depuis les premières mesures effectuées en avril 1998. Les jeunes de moins de 25 ans restent les premières victimes du chômage, avec un taux de 15,1 % en novembre (+0,1 point sur un mois) pour l’ensemble de la zone.
De son côté, Candriam annonce
« un niveau d’emploi supérieur de 2 % en moyenne à son niveau d’avant la crise dans la plupart des pays de l’UE ».
D’après un des économistes de la société de gestion européenne, il s’établit à 86 % pour les actifs de 25 et 54 ans dans plusieurs États, dont l’Allemagne.
Toutes classes d’âge confondues, l’Hexagone affiche un taux de chômage de 7,2 %, en baisse de 0,1 point sur un mois. La France s’en sort donc mieux que l’Espagne (12,4 %) et la Grèce (11,4 %), mais fait moins bien que la République tchèque (2,7 %), ou encore l’Allemagne et la Pologne (à égalité avec 3 %).
Le nombre de postes non pourvus est également au plus haut. Les dirigeants d’entreprises se plaignent d’ailleurs de la pénurie de compétences, qui limite leur production et freine leur croissance. Et bien que Candriam estime à environ 5 % par an l’augmentation des salaires dans l’UE, l’inflation élevée annule tout effet positif.
Considérant les tensions sur le marché du travail européen, et des difficultés à recruter, de nombreuses entreprises pourraient choisir de garder leurs collaborateurs, même dans l’éventualité d’une diminution de leurs besoins en main-d’œuvre. De cette manière, elles évitent des délais et des coûts d’embauche lourds après le retour à un rythme d’activité normal.
Cette stratégie RH devrait compenser au moins partiellement l’impact d’une conjoncture dégradée sur l’emploi.
En effet, les économistes prévoient un « retour à la hausse du chômage pour 2023 » (+1 point pour la zone euro) dans un contexte de « récession modérée » avec une décroissance du PIB pour l’UE au moins pour le premier trimestre 2023. Pour l’Hexagone, la Banque de France table sur un taux de chômage correspondant à 7,5 % de la population active en 2023 (+0,3 point) et de 8,2 % en 2024, et cela alors que l’Exécutif vise le plein emploi. Cette inversion de la tendance est attribuée à plusieurs facteurs :
Si la contraction de la croissance économique se fait trop importante, des chefs d’entreprises pourraient geler les embauches, voire licencier une partie de leur personnel à partir du printemps. Certains avancent d’ailleurs que « le nombre de nouveaux emplois sera divisé par 11 entre 2022 et 2023 ».
Faute de trouver un emploi salarié, les actifs devront, pour beaucoup, créer leur propre activité en indépendant. Signer un contrat avec une société de portage salarial leur permettrait de proposer leurs services aux clients de leur choix, en fixant leurs propres tarifs, et surtout de bénéficier d’une couverture sociale identique à celle d’un salarié classique.