La crise économique risque d’être une des conséquences de la crise sanitaire. Dans ce contexte, il devient essentiel de réfléchir aux zones qui vont continuer à être dynamiques en France. Vous souhaitez identifier les territoires où l’activité va poursuivre son développement ? Notre article fait le point sur les éléments et les notions à intégrer dans sa stratégie.
Les études statistiques de l’INSEE définissent le terme d’aire d’attraction afin d’analyser le potentiel économique d’un territoire. Une aire d’attraction se structure autour d’une métropole et intègre toutes les communes situées à proximité.
Ainsi, si l’on compte 15 % d’actifs se déplaçant d’un pôle à un autre, alors ces deux pôles s’intègrent dans l’aire d’attraction. La notion d’aire d’attraction est essentielle pour comprendre comment fonctionne l’environnement local économique.
L’INSEE définit plusieurs aires d’attraction importantes en France. Ainsi, l’aire la plus importante est, en toute logique, celle qui se construit autour de Paris. La France compte ensuite d’autres aires d’attraction importantes autour de Lyon, Toulouse, Bordeaux, Rennes, Nantes, Grenoble, Montpellier, Aix-Marseille et Strasbourg.
Il existe également des communes dont les habitants, des professionnels frontaliers, travaillent dans une commune située à l’étranger. La commune suisse Genève est, évidemment, le symbole de ce mouvement transfrontalier. De nombreux professionnels vivent en France et décident, chaque jour, d’aller travailler en Suisse où les rémunérations sont plus élevées.
Il en est de même pour les villes de Charleroi, Luxembourg, Sarrebruck, Bâle ou encore Lausanne. Ces villes proches des frontières françaises constituent également des aires d’attraction non négligeables.
Une crise économique ne produit pas des effets uniformes sur l’ensemble des pays. Ainsi, il est important d’analyser une situation géographique afin de bien comprendre les mouvements à l’œuvre.
Dans une crise classique, les territoires déjà en difficulté se retrouvent dans des situations extrêmement compliquées. Ces problèmes incitent alors les habitants à partir et à se rapprocher des grandes aires urbaines.
Or, la crise actuelle a de ceci de particulier qu’elle se montre extrêmement défavorable avec les grandes métropoles. Deux raisons majeures expliquent cet état de fait :
Par ailleurs, l’épisode du confinement en mars-avril-mai et celui du reconfinement actuel font émerger de nouveaux besoins en matière de logements. Les petits appartements des grandes villes perdent de leur attrait en temps de crise sanitaire. Les espaces plus grands et les villes moins denses montrent des atouts jusqu’alors insoupçonnés.
L’INSEE définit également un zonage précis du territoire en fonction des activités économiques qui s’y agglomèrent. Ainsi, un professionnel indépendant peut cibler tel ou tel territoire en fonction des attributs économiques présents. Ce ciblage doit néanmoins se penser avec la conjoncture économique actuelle.
Ces aires d’attraction disposent d’une structuration particulière. En effet, Paris et Lyon regroupent un volume important d’emplois et d’opportunités. Néanmoins, leur aire d’attraction ne se compose que de territoires résidentiels.
Cette situation n’est pas surprenante dans la mesure où beaucoup de professionnels vivent en périphérie de Paris ou de Lyon en raison des coûts de l’immobilier. Cela signifie également que Paris ou Lyon ne dispose d’aucune réserve d’activité. En effet, lorsque les bars, restaurants, musées, expositions sont fermés à Paris et Lyon, il n’existe pas « d’économie de substitution ».
Par ailleurs, le télétravail est surtout possible pour les cadres, chefs d’entreprise ou enseignants. Ces professions sont les plus susceptibles de quitter temporairement les grandes métropoles en cas de reconfinement. Leur pouvoir d’achat se transfère alors vers les communes où se situent leurs résidences secondaires, participant à affaiblir économiquement les métropoles.
Ainsi, dans le cas où la crise sanitaire devrait durer, l’aire d’attraction de Paris ou de Lyon n’aurait pas nécessairement de leviers pour accroître l’activité économique.
Ces trois aires d’attractivité se montraient plutôt dynamiques jusqu’à l’arrivée de la crise épidémique. Néanmoins, il convient de souligner que ce sont des territoires dont une partie des emplois est spécialisée dans le tourisme. Comme nous l’avons vu plus haut, la réduction des échanges internationaux met le secteur touristique en souffrance.
Par ailleurs, Bordeaux et Aix-Marseille attiraient naturellement de nouveaux habitants grâce à leur climat favorable. Sur le long terme, la multiplication des épisodes de canicule peut altérer ce mouvement du nord vers le sud de la France.
Bâtir une stratégie d’implantation dans ces aires d’attraction peut donc se révéler plus compliqué que prévu.
L’aire d’attraction de Toulouse va, potentiellement, s’en sortir mieux que les autres. En effet, cette aire se compose d’une économie diversifiée et d’une zone résidentielle.
Par ailleurs, l’agriculture est très développée aux alentours de Toulouse. Or, la crise épidémique vient créer de nouveaux besoins en matière de consommation locale. L’activité économique de l’aire d’attraction de Toulouse peut s’accroître et gagner en dynamisme.
Ces deux villes possèdent, surement, les atouts les plus pertinents dans la période actuelle. En effet, ces deux métropoles sont entourées de zones économiques spécialisées dans l’industrie. Il convient de souligner que la crise sanitaire a mis en avant les problèmes liés aux délocalisations massives en France.
Le gouvernement français a d’ailleurs décidé d’un plan de relance donnant la part belle à la réindustrialisation du pays. Il est donc possible que l’application de ce plan se fasse dans les zones où l’industrie est la plus présente. Un dynamisme certain est alors à prévoir pour les prochaines années.
Enfin, durant les mois de septembre et d’octobre, ces villes ont été épargnées par le virus. Sans compter que leur proximité avec la capitale en fait des territoires idéalement placés.