La crise sanitaire a profondément modifié les perceptions et les perspectives des entrepreneurs. Ainsi, le moral des dirigeants et chefs d’entreprises a considérablement évolué entre l’année 2019 et 2020. Aujourd’hui, il apparaît comme essentiel d’analyser la situation en France sur ces questions. Notre article fait le point concernant les ressentis des dirigeants vis-à-vis de la reprise de leur activité en 2020.
Le moral des entrepreneurs fait apparaître des particularités à noter. Les entrepreneurs et dirigeants d’entreprise avaient, globalement, des une faible opinion des mesures gouvernements en 2018. Ce moral s’est répercuté sur l’ensemble de l’année 2019. Par ailleurs, la faible croissance économique, en 2019, n’a pas aidé à l’optimisme.
Ainsi, en 2018-2019, le maître-mot des entrepreneurs était « la prudence ». Comme chacun a pu le voir, l’année 2020 a été marquée par la survenue de la crise sanitaire. Le Covid-19 a ébranlé l’activité économique des entreprises partout dans le monde. Toutefois, les dispositifs d’aides mis en place par le gouvernement ont réussi à apaiser les craintes des entrepreneurs pour leur avenir.
Ainsi, le confinement annoncé en mars 2020 a bloqué l’économie et, dans certaines situations, donné du répit à certains entrepreneurs. Néanmoins, de nombreux entrepreneurs ont fondé leurs espoirs sur une reprise normale au moment du déconfinement. Certains ont même réalisé des projections intégrant un rattrapage de l’activité lors du 3e trimestre 2020. La persistance de la crise sanitaire produit alors des effets concrets sur le moral des entrepreneurs.
Les consultations d’entrepreneurs font également remonter d’autres formes d’inquiétudes en lien avec la crise sanitaire. Certains dirigeants craignent alors la mise en cause d’un salarié dans le cadre d’une contamination de ce dernier au coronavirus. D’autres avouent une difficulté à réorganiser la vie de l’entreprise pour respecter au maximum les règles de distanciations sociales.
L’installation de nouvelles habitudes de travail a néanmoins réussi à altérer quelque peu ces inquiétudes. Néanmoins, beaucoup de dirigeants jugent le télétravail comme une nécessité ponctuelle difficilement tenable sur la durée. En effet, le télétravail peut poser des difficultés quant à la mise en œuvre d’un management efficace.
Une étude IFOP pour le Medef a récemment sondé le moral des dirigeants d’entreprise dans cette période de crise sanitaire complexe. Pour réaliser le sondage IFOP, 601 chefs d’entreprise de plus de 10 salariés se sont portés volontaires.
Le sondage IFOP pour le Medef révèle que 56 % des dirigeants interrogés se disent pessimistes quant à l’économie du pays. Une grande majorité pointe aussi des répercussions colossales sur l’économie européenne, française, voire régionale.
Plus surprenant, 74 % révèlent être plutôt confiants quant à la situation de leur entreprise pour les mois à venir. Notons toutefois que les dirigeants des grandes entreprises sont généralement plus confiants que ceux des entreprises de plus petites tailles.
La rentrée 2020 présente toujours un risque accru de reprise de l’épidémie de Coronavirus en France. Par conséquent, les entrepreneurs évoquent la crainte d’un nouveau confinement dans les mois qui viennent (55 %). Parmi les autres angoisses mises en avant, on cite la crainte d’une baisse du pouvoir d’achat des Français (30 %) ainsi qu’un ralentissement de l’activité en lien avec la conjoncture nationale et mondiale actuelle (26 %).
L’optimisme des entreprises se fonde alors majoritairement sur 3 critères essentiels. L’absence d’un reconfinement laisse espérer une reprise durable de l’activité (42 %). Par ailleurs, les entreprises se disent sensibles au remplissage de leurs carnets de commandes (32 %) ainsi qu’aux nombreux soutiens offerts par l’État (28 %).
Le ressenti des entrepreneurs par rapport à leur santé économique en 2020 est plutôt partagé. Si une moitié constate une situation financière stable par rapport à l’année 2019, l’autre moitié avoue aujourd’hui une nette détérioration de leur trésorerie. Ce manque de trésorerie peut affecter autant les commandes futures que la confiance, donnée essentielle dans le monde économique.
Par ailleurs, certains secteurs restent aussi plus durement touchés que d’autres. C’est notamment le cas des commerces et des services, avec plus de 56 % de difficultés en région parisienne.
Toutefois, la plupart des entreprises fondent leur optimisme aujourd’hui sur un dialogue social satisfaisant au sein de leur entreprise (95 %). Sur un plan structurel, la plupart des entreprises n’envisagent aucun changement significatif dans l’organisation interne de leur société.
Un faible pourcentage d’entreprise (20 % en moyenne) évoque des transformations à la hausse sur les différents points suivants :
Dans le cadre d’une aide à l’embauche des jeunes de moins de 25 ans, 56 % des entreprises se disent prêts à jouer le jeu pour les mois et années à venir. Cette décision fait écho à l’optimisme de plus de deux tiers des entreprises concernant une stabilité de leurs finances lors du second trimestre 2020.
Actuellement, la plupart des entreprises se disent sensibles aux récentes annonces de l’État pour soutenir les dirigeants les plus impactés dans les mois qui viennent. Certaines mesures sont aussi particulièrement sollicitées, à commencer par un soutien de la trésorerie des entreprises (66 %).
L’axe crucial qui arrive en seconde position se concentre sur une baisse significative des impôts appliqués sur les facteurs de production (49 %). Rappelons que la baisse de cet impôt est essentielle dans une politique de relocalisation. Enfin, 49 % des entrepreneurs se disent également favorables à un prolongement de l’activité partielle pour les mois qui s’annoncent.
Malgré la crise sanitaire de 2020, les entreprises en France sont relativement optimistes quant au rebond de leur activité. En effet, 79 % des entrepreneurs disent faire confiance au gouvernement pour prendre les mesures nécessaires. Ce taux est crucial dans la mesure où l’économie fonctionne également grâce à la confiance.
Toutefois, certaines craintes demeurent, comme l’éventualité d’un reconfinement et une baisse significative du pouvoir d’achat des Français. Les secteurs d’activité les moins positifs sont aussi les secteurs les plus ébranlés par la crise. C’est notamment le cas des petites entreprises et des commerces des grandes métropoles.