Depuis quelque temps, chacun s’accorde à dire que les métiers d’aujourd’hui sont en passe de disparaître : on parle de 85% des métiers dans une dizaine d’années. Alors la question que tous les talents se posent est celle de savoir comment évoluer sereinement sur un marché du travail sur lequel on tend à penser compétences plutôt que métiers. Et la problématique découlant de cette question sera de détecter précisément les compétences des talents afin de valoriser efficacement leur potentiel.
Depuis quelques années le marché du travail bouge, mute profondément. Les entreprises se mènent une guerre des talents pour tenter de les attirer et de les fidéliser de manière à rester compétitives. Et les talents ont compris leur intérêt en étant exigeants vis-à-vis des entreprises : la marque employeur a d’ailleurs pris tout son sens depuis quelques années. Et pour rester acteur de sa carrière professionnelle, le talent n’a d’autre choix que de s’adapter.
Évoluer sur le marché du travail signifie être en capacité de s’adapter en permanence. Les employeurs recherchent des profils en mesure de mettre à leur disposition et développer leurs compétences. Mais pas n’importe lesquelles.
Aujourd’hui si l’on s’amuse à décortiquer les offres d’emploi, on se rend compte rapidement que pour un poste similaire, les employeurs ont les mêmes attentes en termes de compétences techniques. C’est ce que l’on appelle « l’attendu ».
Cécilia recherche un poste de graphiste. Elle a déjà eu un entretien avec le responsable de service et se prépare aujourd’hui à un entretien avec les dirigeants de l’entreprise. Lorsqu’elle a comparé les compétences techniques demandées par l’entreprise, elle a constaté qu’elles étaient identiques à celles des offres d’emploi similaires. Et lorsqu’elle m’en a fait part, elle a exprimé sa surprise. En réalité, on a l’impression que les employeurs recherchent des « clones ».
Seulement, en décortiquant précisément les annonces, force est de constater que sur la partie compétences comportementales, tous les employeurs n’attendent pas les mêmes éléments de la part des candidats. Quand les uns souhaitent des personnes ayant une grande qualité d’adaptation, les autres recherchent plutôt des personnes empathiques.
Et si effectivement la digitalisation du marché du travail laisse à penser que la plupart des métiers d’aujourd’hui n’existeront plus demain, les employeurs ne pourront pour autant pas déléguer les compétences comportementales aux robots : l’employeur misera donc de plus en plus sur ces compétences comportementales des talents pour faire la différence et rester compétitifs. Il revient au talent d’être en capacité de détecter ses compétences comportementales afin de les valoriser au mieux pour être acteur de sa carrière professionnelle.
L’évolution la plus marquante pour le talent est le fait qu’il est acteur de sa carrière. Il est loin le temps où c’était l’employeur qui décidait de la carrière des salariés, de ses évolutions, de ses formations ou encore de sa mobilité interne.
Le talent est devenu maître de sa carrière en décidant en pleine conscience de ce qui est bon pour lui, de ce qui lui permettra d’évoluer en fonction de ses besoins les plus profonds, de ce dont il aura besoin pour évoluer sereinement sur le marché et des atouts qu’il pourra mettre en avant pour valoriser son potentiel.
Et pour être en capacité de déterminer ce qui est le mieux pour lui, le talent doit être en capacité de penser à lui avant de penser à l’employeur ou au futur employeur. Certes être sur le marché du travail peut avoir pour certains un côté angoissant les amenant à accepter « tout et n’importe quoi ». Et finalement avec le recul, quel est le prix que ces talents payent ?
Lorsque nous avons fait le point sur la situation et le profil de Michèle, nous avons abordé les raisons de la rupture de son dernier contrat. Michèle explique qu’elle a été harcelée 7 années durant. Pourtant, elle n’a pas quitté son poste. Elle a tenu bon et a pu négocier une rupture conventionnelle de contrat à son avantage. Et lorsqu’elle raconte son histoire, elle ajoute avec pudeur que si son mental a été fort, son corps n’a pas suivi puisqu’elle a été opérée très récemment d’un cancer du sein.
Si l’exemple de Michèle reste à la marge en ce qui concerne l’impact de la vie professionnelle sur l’état de santé, d’autres talents ont, eux aussi, accepté des conditions de travail ne répondant pas à leurs besoins les plus profonds, mettant ainsi en péril la valorisation de leur potentiel. Lorsque beaucoup estiment avoir besoin de travailler et acceptent d’occuper « tout et n’importe quoi » comme poste, d’autres ont compris l’intérêt de relier chacune de leur expérience afin de les valoriser au maximum. Et lorsque le talent est en capacité de s’adapter au marché, de valoriser son potentiel et d’être acteur de sa carrière professionnelle, il devient alors attractif aux yeux de l’employeur.
Le marché du travail amène aujourd’hui l’ensemble de ses acteurs à penser compétences plutôt que métiers. Dès lors, une remise en question du système dans son ensemble est à prévoir. Pour certains, elle est déjà en cours, pour d’autres l’amorce de cette évolution est encore récente. Ce qui est indéniable, c’est qu’il devient essentiel et nécessaire pour le talent de prendre en compte cette nouvelle approche du marché du travail, l’approche compétences.
La notion de compétences est en elle-même complexe. Pourtant une fois qu’elle est maitrisée par les talents, elle devient source de réussite dans le milieu professionnel.
La compétence regroupe l’ensemble des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être du talent qui la développe tout au long de sa vie professionnelle et qu’il mobilise pour réaliser une action donnée.
Le savoir est l’ensemble des connaissances apprises à l’école. Le savoir-faire est la manière dont le talent réalise les actions. Il s’agit des éléments acquis par l’expérience dans les questions pratiques, l’exercice d’un métier.
Le savoir-être est le comportement du talent dans l’exercice de son métier dans l’entreprise. Ce comportement est évalué vis-à-vis des supérieurs, des collègues, des clients, des fournisseurs, … Il s’agit des caractéristiques humaines qui font la réussite dans le métier. Le savoir-être est souvent confondu avec les qualités et les compétences comportementales. Les qualités sont des caractéristiques humaines innées, alors que le savoir-faire sera plutôt appris dans l’exercice de son métier. Quant aux compétences comportementales, elles seront mises en œuvre en fonction des besoins des entreprises.
Lorsque le talent est confronté à la notion de compétences, il est souvent pris au dépourvu ne sachant pas clairement ce qu’elle recouvre. Souvent, et afin de les aider à y voir plus clair, on invite le talent à expliquer une journée type de travail. Ainsi, il est en capacité de mettre des mots sur sa pratique de métier.
Si les compétences prennent de plus en plus le pas sur les métiers, elles ne pourront, malgré tout, pas être toutes mises en œuvre par le talent sur le marché du travail. Et il est essentiel de trier ses compétences afin de détecter celles qui sont transférables.
Si toutes les compétences ont une importance dans un contexte bien précis, toutes ne pourront pas être réutilisées dans le cadre d’un changement professionnel. Et comme les talents vont être amenés à bouger régulièrement sur le marché du travail, il devient essentiel pour eux de détecter leurs compétences transversales et transférables.
Les compétences transférables sont des compétences spécifiques attachées à une situation professionnelle et qui peuvent être mises en œuvre dans un autre contexte professionnel.
Les compétences transversales sont, quant à elles, des compétences génériques mobilisables dans n’importe quelle situation professionnelle. Elles s’appuient tant sur les savoirs de base que sur les compétences comportementales des talents.
Repérer les compétences transférables des talents permet de favoriser les passerelles entre métiers et/ou secteurs d’activité, ce qui amènera le talent à évoluer sereinement sur le marché du travail en développant son potentiel professionnel et ses compétences comportementales, avec pour fil directeur de rester employable durablement.