Être son propre chef, pouvoir disposer de son temps comme bon lui semble, tels est le statut de freelance. Mais au-delà de cette image idyllique que la plupart de salariés envient, se cache une tout autre réalité. Voici quelques idées reçues sur le statut de freelance qu’il convient de corriger.
Un freelance est libre de travailler comme bon lui semble, à l’heure qui lui plait. D’une certaine manière, c’est vrai. Un freelance n’est pas contraint de suivre un horaire strict. Il est libre de commencer et de terminer sa journée à l’heure de son choix. Cela ne signifie pas pour autant qu’il peut partir en vacances sans prévenir personne. Même s’il n’y a personne pour le surveiller, le freelance ne fait pas ce qu’il veut. Il est astreint, lui aussi, à un planning, pour pouvoir honorer son engagement et rendre son travail dans les temps.
Bien qu’il soit libre de ses mouvements et de son emploi du temps, le freelance n’a pas autant de temps libre que beaucoup pensent. Effectivement, en plus de terminer son travail, il doit effectuer diverses tâches administratives qui lui prennent une partie de son temps libre. En tant que freelance, il doit réaliser lui-même le devis de ses prestations, faire le suivi des dossiers en cours et faire parvenir les factures aux clients.
Certains pensent que les freelances vivent en reclus, sans sortir de chez eux. Ce qui est évidemment faux. Si les uns choisissent de travailler de chez eux pour diminuer les charges, d’autres ont pris le parti de sortir de chez eux et de travailler dans les espaces de coworking. Ce faisant, ils rencontrent d’autres freelances avec lesquels ils peuvent échanger. Bref, ils profitent de l’ambiance conviviale des bureaux, sans avoir à subir ses contraintes. Même s’ils ont plus de charges de travail que les salariés, ils ne travaillent pas non plus tout le temps. Ils peuvent ainsi consacrer du temps à leur vie sociale et faire des activités de loisirs.
L’une des idées reçues les plus courantes sur le statut de freelance est que cela ne permet pas de bien gagner sa vie. Il est vrai qu’au début, un freelance ne gagnera pas forcément beaucoup d’argent. Il lui faudra encore se constituer un réseau solide et enchainer les missions pour prétendre à une haute rémunération. Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne gagne pas assez pour boucler les fins du mois. Avec une bonne notion de marketing et un esprit d’entreprise, beaucoup de freelances arrivent à se dégager une rémunération hautement supérieure à celle qu’ils ont reçue en étant salariés dans une entreprise. En d’autres termes, pour bien gagner sa vie en tant que freelance, il est indispensable de mettre tout en œuvre pour se construire une activité solide.
Qui dit freelance dit liberté et indépendance, et c’est ce qui induit certains freelances en erreur. En choisissant de se mettre à leur compte, beaucoup pensent en effet qu’ils sont entièrement libres de se consacrer uniquement dans ce qu’ils aiment le plus. Certes, les freelances sont libres d’accepter ou de refuser les missions qui leur sont proposées, mais ils ne doivent pas non plus perdre de vue que pour développer leur activité, ils doivent souvent faire des compromis, surtout à leur début. Pour réussir avec un statut de freelance, il est indispensable d’avoir un excellent réseau et il ne se constitue pas en un jour. Pour se faire connaitre de la clientèle, chaque nouveau freelance doit faire ses preuves. Pour cela, il est souvent obligé de répondre à toutes les demandes des clients et accepter des missions qui se situent bien loin de son domaine de prédilection. Il est aussi dans l’obligation de signer autant de contrats qu’il peut pour pouvoir ainsi s’acquitter de toutes les charges et se dégager un salaire décent à la fin du mois.
Beaucoup pensent qu’un freelance n’est pas soumis à une imposition, parce qu’il est indépendant. Pourtant, tout comme les salariés d’une entreprise, le freelance a des obligations fiscales auxquelles il ne peut pas se soustraire. Contrairement aux idées reçues, un freelance paie des taxes. Il est d’ailleurs tenu d’être à jour sur le règlement de ses impôts, sans cela, il ne pourra pas prétendre à une couverture sociale et à une retraite.
L’autre idée reçue sur le statut de freelance concerne sa précarité. Puisque le freelance n’a pas de contrat en CDD ou en CDI, la plupart des gens pensent qu’ils perdent la sécurité de l’emploi, ce qui n’est pas spécialement vrai. En effet, aucun emploi n’est entièrement sécurisé actuellement. Compte tenu de la conjoncture économique, même une personne en CDI peut perdre son emploi à tout moment, du fait d’une restructuration ou d’une faillite de l’entreprise qui les emploie. Comme il n’est pas rattaché à une société particulière, le freelance n’a pas cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Par ailleurs, il a une vision plus claire de son évolution de carrière. Comme il est son propre chef, il n’a pas à attendre une augmentation ou une promotion octroyée par un supérieur hiérarchique pour avancer.
Et la pérennité de l’emploi alors ? Certes, les freelances n’ont pas la garantie que leurs clients leur offrent des missions fixes. Toutefois, la plupart d’entre eux réalisent diverses missions en même temps et travaillent avec des entreprises et des personnes différentes. Si l’un des clients désire arrêter sa collaboration, le vide peut être vite comblé.
Par ailleurs, s’ils le souhaitent, les freelances peuvent toujours garder leur statut de salarié, grâce au portage salarial. Ce dispositif leur permet de profiter des privilèges d’un salarié classique, tout en conservant la liberté et l’indépendance qui procure le statut de freelance. Tout cela pour dire qu’il y a de multiples manières pour un freelance de sécuriser son emploi et éviter que sa situation ne devienne précaire.