“ Plus souple que le salariat et plus sécurisant que le travail indépendant, le portage salarial séduit 70.000 personnes en France. Cette forme atypique d’emploi se dote d’une convention collective entérinant son existence en tant que branche. Hubert Camus, président du PEPS s’exprime dans Les Echos. ”
Ni tout à fait salarié ni tout à fait indépendant. Statut hybride, qui vise à conserver les atouts des deux sans les inconvénients, le portage salarial vient de devenir une profession à part entière, après la signature à l’unanimité fin mars par les syndicats d’une convention collective. Un projet caressé depuis dix ans. Ce texte donnera naissance à la branche d’activité du portage salarial à la condition qu’il passe la procédure d’extension, c’est-à-dire où aucune organisation ne fait opposition.
Comment fonctionne le portage salarial ? Cette forme atypique du travail met un tiers, la société de portage, entre le porté – le travailleur autonome – et ses clients. Le travailleur est salarié de cette société de portage, en CDI ou CDD. Il bénéficie donc de la protection sociale qu’il n’a pas en tant qu’indépendant. En outre, cette société tierce s’occupe de toutes les démarches administratives, propose des formations ou un accompagnement.
Mais, revers de la médaille, la fiche de paie est plus maigre. « Certains consultants sont déçus et trouvent que le portage salarial leur coûte cher ; c’est le choix de la protection », rapporte Hubert Camus, président du PEPS (Professionnels de l’emploi en portage salarial), principal syndicat du secteur, qui a négocié avec les partenaires sociaux.
Du senior qui s’est fait licencier mais qui craint la précarité de l’indépendant, du salarié de grands groupes qui veut plus d’autonomie, du patron de la SARL qui en a assez de la paperasse à gérer, du free-lance qui veut sortir du régime du RSI à l’autoentrepreneur qui atteint le seuil du chiffre d’affaires… ils sont de plus en plus nombreux à être séduits.
La profession évalue les portés à 70.000 aujourd’hui (avec une projection qui prévoit un doublement d’ici à 2020) contre 22.000 en 2008. La moyenne d’âge, 45 ans, traduit l’appétence pour la sécurité. Le nouveau texte conforte l’expertise du porté, qui doit avoir un bac +2 ou trois ans d’expérience. L’informatique continue à représenter un tiers d’entre eux, mais ils travaillent aussi dans la communication, le management, la formation, etc.
Quel avantage pour l’entreprise, sachant que la société de portage prendra en plus 10 % de frais de gestion ? « Ce statut permet d’éviter la requalification, à savoir un consultant qui demande à être embauché au vu de la régularité de ses prestations, ce que redoutent les grands groupes quand ils font travailler des indépendants ou des autoentrepreneurs », expose Hubert Camus.
Cette reconnaissance est le fruit d’un long procédé. Depuis sa création dans les années 1980 sur un modèle associatif, le portage salarial tente de se professionnaliser. Mais il est resté longtemps sous la mainmise de l’intérim, qui en craint la concurrence. Et il peine lui-même à s’organiser, éclaté entre plusieurs syndicats de taille inégale. Premier pas en 2008, avec l’inscription dans le Code du travail. L’ordonnance gouvernementale du 2 avril 2015 établit les conditions du portage, inscrites dans la loi travail El Khomri.
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